« Serge Daney : vingt ans après » à la Cinémathèque française

Serge Daney

« Serge Daney : vingt ans après » à la Cinémathèque française

A partir du 20 juin jusqu'au 5 août, la Cinémathèque française rend hommage à une figure majeure de la critique cinéphile, Serge Danay, disparu le 12 juin 1992, à l'âge de 48 ans.

avec jc Créé le 15.04.2015 à 23h36

« Je » est des autres, d'autres films, d'autres réalisateurs. Serge Daney, est le premier critique français à écrire à la première personne. La cinémathèque française offre une rétrospective des oeuvres du « ciné-fils » du 20 juin au 5 août.

Avec Serge Daney, itinéraires d'un ciné-fils (éd. Jean Michel Place, 1999), le critique tresse le fil de son autobiographie avec le fil de l'histoire du cinéma. Ce « moi » était damné de la critique cinématographique jusqu'à ce qu'il émerge sous la plume de Serge Daney. Le livre est la transcription d'un entretien avec Régis Debray, filmé en 1992, peu de temps avant sa mort. Il a été adapté en spectacle au Théâtre du Rond-point à paris, dont le texte a été édité l'an dernier sous le titre La loi du marcheur (Editions les Solitaires Intempestifs).

Le critique se demande si ce passage du « nous » au « je », qu'il compare à ceux de « la nuit au jour, du brouillard à la lumière », n'a pas été conditionné par la figure de « la mort au cinéma » qu'il a lui-même élaborée lors de la vision des films de Wenders. Il ironise : « c'est ma mort qui éventuellement serait synchrone avec celle du cinéma !» (Persévérance : entretiens avec Serge Toubiana, POL).

Agé de vingt ans, il entre aux Cahiers en 1964 et publie ses premiers textes, avec le soutien de Jean Douchet. à partir de 1968, il voyage.

En 1973, il prend la direction des Cahiers qu'il quitte six ans plus tard « Le bilan de ces années Cahiers n'est pas extraordinaire... On a failli couler le bateau. Puis on l'a courageusement remis à flot et la revue a survécu.» (La Rampe, chez Gallimard, collection Cahiers du cinéma, 1983).

Il dirige alors le service cinéma à Libération et se rend compte qu'il est plus facile d'écrire je dans ce journal. Les textes de cette période sont réunis dans Ciné-Journal (Les Cahiers du cinéma, 1986) et Devant la recrudescence des vols de sacs à main : cinéma, télévision, information (1988-1991), paru chez Aléas, en 1991. Daney écrivait autant sur le petit écran que sur le 7e art, ses voyages ou le tennis, sport qu'il affectionnait particulièrement. On retrouve de nombreux textes dans L'exercice a été profitable Monsieur, publié en 1993 ou L'amateur de tennis : critiques 1980-1990, édité en 1994, tous deux chez POL.

En 1991, il fonde, chez P.O.L, la revue Trafic: « Aujourd'hui, il s'agit de remettre le cinéma, et le cinéma seul, dans une histoire qui ne serait plus synchronique mais diachronique : d'où l'idée de créer Trafic. » Il confie ainsi à Serge Toubiana : « Il y a une seule décision positive et elle est du genre “terminus, tout le monde descend" : c'est Trafic. Mais je suis très fier, finalement, d'avoir découvert que j'étais capable d'un acte positif

Godard, Hawks, Straub et Huillet, Ford, Mizoguchi, Lang, Welles, Garrel, mais aussi Blanchot et quelques autres reviennent souvent dans son oeuvre. Il détestait la tradition française et tenait La Nuit du chasseur pour le plus beau film américain du monde, peut-être parce que “le cinéma, c'est l'enfance."

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