La reprise des grands classiques de la littérature étrangère suscite aussi quelques vocations sur Internet. Le plus dynamique en la matière est François Bon avec sa maison Publie.net, où il a publié ses traductions de Lovecraft (six titres), ou encore celle du roman phare d'Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, >par Christine Jeanney, "pour la première fois d'après le manuscrit non expurgé", insiste l'éditeur. Il s'agit de trouver un caractère d'exclusivité dans un marché bien encombré pour ce roman, libre de droits depuis plusieurs décennies. Pour Publie.net toujours, Jean-Yves Cotté a retraduit Portrait de l'artiste en jeune homme de James Joyce, seule autre version française à côté de celle publiée chez Gallimard. La concurrence est raisonnable aussi autour d'Une pièce à soi de Virginia Woolf, toujours par Jean-Yves Cotté, seule retraduction à côté de celle d'Elise Argaud (Rivages). L'éditeur numérique s'est également intéressé à Kafka, dans le domaine public pour son oeuvre originale depuis le milieu des années 70, et qui a donc déjà été très retraduit. La maison s'est tournée vers des textes moins connus : Chacun porte une chambre en soi (52 textes très brefs), La colonie pénitentiaire, Un artiste de la faim, >le tout par Laurent Margotin. Ebooks libres et gratuits (ELG), grand pourvoyeur de textes du domaine public français en version numérique, s'intéresse aussi aux traductions, mais sans forcément préciser l'origine de ses versions. Le site vient ainsi de mettre en ligne La pitié dangereuse de Stefan Zweig, "préparé par YvetteT, Jean-Marc, RobertB". La seule version française disponible est jusqu'à maintenant celle d'Alzir Hella (Grasset, Le Livre de poche). Babbitt de Lewis Sinclair, traduit par Maurice Rémon, et Tess d'Urberville de Thomas Hardy dans la version de Madeleine Rolland, tout juste mis en ligne, sont clairement sous droits tous deux, et donc ELG bloque le téléchargement dans l'Union européenne. Le site vient également de publier une nouvelle version de L'étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde par un certain Vianney Boissonnade, qui a entrepris de retraduire tout Stevenson, de même qu'il s'intéresse aussi à Conan Doyle, déposé cette fois en direct sur le Kindle store d'Amazon.