Il s'en passe des choses pendant qu'on dort. Alors qu'un petit garçon tombe dans les bras de Morphée dans son lit douillet, un chien se promène sous une lune joufflue, six bottes fourrées et des moufles bien tièdes attendent le jour. Il y a ce qu'on voit, mais aussi ce qu'on sent. Ainsi « l'odeur de la forêt se glisse sous le volet ». Quoi de mieux pour représenter cette senteur qu'un champignon solitaire et blanc dressé dans la nuit bleue ? Les bruits eux aussi continuent de vivre leur vie. Tel ce « froissement des draps qui réchauffe les oreilles ».
Page après page les illustrations minimalistes d'Amélie Jackowski déroulent l'univers nocturne dans des teintes sombres bleu, noir, brun, avec ici ou là une touche de blanc ou de rose. L'injonction « Chut » ponctue le livre comme une formule magique. Mot d'ordre, ne surtout pas réveiller les lapins déjà endormis ni aucun autre être qui roupillerait dans les parages. Parmi les plus belles pages de cet album, on retient celles qui jouent sur les mots dont le petit enfant ne connaît qu'un seul sens. Ainsi, aux pieds du lit douillet somnolent deux petits moutons. S'agit-il de vrais moutons, de ceux qui désignent la poussière sur le parquet ou encore de ceux que l'on compte vainement le soir pour trouver le sommeil ? On ne sait. L'illustration, quant à elle, nous montre deux adorables moutons blancs roulés en boule dans leur laine et dont on devine le joli petit bout de museau rose. Pareil pour la Grande Ourse : l'étoile est représentée comme une vraie ourse qui s'étire sur son plumard. Un album réconfortant comme un doudou, qui a le don de réconcilier avec les peurs nocturnes et de faire faire de bien beaux rêves.
Chut, il ne faut pas réveiller les petits lapins qui dorment
Rouergue
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 14 euros ; 28 p. EN COUL.
ISBN: 9782812617454