Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

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Le phénomène de la rentrée littéraire existe-t-il ailleurs qu’en France ? La question est posée ce mardi 23 août à l’Institut français de Pékin, lors d’une rencontre à laquelle participent plusieurs dizaines d’éditeurs et de traducteurs chinois. Force est de constater que non. La rentrée littéraire française est même tellement unique au monde que le concept est difficilement traduisible, et pas seulement en chinois. Les éditeurs britanniques et américains la désignent tout simplement, avec l’accent toutefois, comme la… "rentrée littéraire". Française, forcément française.

Car contrairement à ce que beaucoup croient, la rentrée littéraire ne plonge pas tant ses racines dans un mouvement propre à l’édition de littérature, que l’on pourrait dès lors facilement reproduire ailleurs. Certes, la concentration à l’automne des grands prix du secteur lui a permis de se conforter en lui donnant un horizon. Mais elle tient avant tout au phénomène très français de "rentrée", formalisé par l’instauration des congés payés en 1936, et par la rituelle mise en sommeil du pays qu’elle a entraînée au mois d’août. La rentrée littéraire s’est progressivement installée au fil des années 1950 et 1960 à mesure que se conjuguaient la rentrée économique, la rentrée scolaire, la rentrée politique, la rentrée sociale et d’autres qui se sont répandues par mimétisme dans tous les secteurs de l’activité du pays.

Si les médias ont lancé avec force, dès la mi-août, le signal de la rentrée littéraire 2016, le livre est aussi bien placé pour bénéficier cette année de toutes les rentrées. En politique, il s’impose comme le premier instrument de campagne des candidats à la candidature pour la prochaine élection présidentielle. Dans le domaine scolaire, il bénéficie d’une réforme des programmes d’une ampleur inédite, assortie de grosses dotations de l’Etat. Un coup de pouce salutaire après des années difficiles.

24.08 2016

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