22 août > Jeunesse France > Antoine Dole

Hanami, le spectacle de l’éclosion des cerisiers (sakura) en fleur, est un moment attendu du calendrier nippon. Il célèbre à la fois l’éphémère, la beauté et la renaissance. Pour ce rituel, huit ados qui ne se connaissent pas se retrouvent en plein cœur de Ueno Park. L’occasion pour chaque voix de ce roman choral d’explorer sa propre solitude. Il y a là Ayumi, une hikikomori qui ose pour la première fois une sortie du domicile familial, après deux ans de réclusion. Elle se souvient du jour où elle est revenue de l’école, ses excellents résultats à la main. Le lendemain, elle n’a plus voulu sortir de chez elle, devenant un fantôme parmi les vivants. A travers la cloison de sa chambre, elle a entendu son père dire qu’il avait honte d’elle et qu’il aurait mieux valu qu’elle soit morte. La mère de Sora, elle aussi, a honte de son fils qui se maquille et s’habille de couleurs vives, affichant un look extrême et asexué qui l’expose aux pires quolibets. Quant à Aïri, elle a gravé au compas les lettres du nom Makoto dans la chair de son avant-bras. Une fois de plus, son idole, chanteur dans un groupe, ne viendra pas. La police sommera cette fan maniaque de ne plus le harceler. Plus spécifiquement japonais est ce qui taraude Natsuki, adepte du enjo kôsai. Des messieurs âgés lui proposent quatre mille yens pour acheter sa petite culotte. Révoltée contre le statut de la femme dans son pays, Natsuki accepte. Chacun à sa façon, dans ce roman, rejette les codes traditionnels de la société japonaise et veut affirmer une liberté nouvelle. Une révolution silencieuse a lieu sous les sakuras, leurs pétales froissés, d’un rose si délicat. Fabienne Jacob

29.06 2018

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