"Les élèves ont une envie de lire, mais rien n’est fait pour les amener à le faire, finalement, leur envie s’envole", déplore Youssef Barrah, ancien instituteur tunisien à la retraite depuis un an. L’ancien directeur d’établissement a passé 35 ans à enseigner, notamment le français, à des enfants de 6 à 12 ans. Depuis qu’il est à la retraite, il est devenu l’ambassadeur régional de l’association française Biblionef, dont la mission est d’encourager la lecture.
Le premier contact de Youssef Barrah avec Biblionef date de 2017. Cette année-là, l’association fait un don d’une centaine de livres à une école primaire de Tozeur. Situé au Sud-Ouest de la Tunisie, en plein Sahara, ce gouvernorat est l’un des plus marginalisé du pays. L’association compte y ouvrir début novembre une médiathèque - au sein du collège pilote - dotée de 300 livres offerts à l'école primaire dess filles. "Ce sont des livres neufs en littérature jeunesse et petite enfance", s'enthousiasme Youssef.
Montrer l’exemple aux enfants
La médiathèque est installée dans le collège pilote de Tozeur, l'école primaire ne disposant pas d'assez d'espace. "Il n'y a pas de local dédié pour les livres dans les établissements scolaires tunisiens, ils sont souvent entreposés dans le bureau du directeur, non visible par les élèves, ni même pour les professeurs qui oublient parfois qu’ils y en a", constate Youssef Barrah.
Changer la vision de la lecture
Pour donner goût à la lecture auprès du jeune public, Rana Dajani a lancé le projet “We love reading” en Jordanie. Chercheuse en biologie moléculaire, Rana Dajani a observé dès 2006 que les enfants ne lisent pas pour le plaisir. "La lecture est tellement importante pour le développement de l’enfant, par exemple pour son imagination, je me suis demandée comment faire pour leur faire aimer cette activité", raconte à Livres Hebdo la scientifique.
L’effet papillon
La trentaine de livre de la bibliothèque "We Love Reading" traite de thème variés : environnement, genre, handicap… "Le livre que je lis souvent aux enfants est Questions in a Traveling Bag de Maya Abou Al Hayat, un livre qui traite de la question des réfugiés", témoigne la lauréate pour le Moyen-Orient du Nansen 2020, un prix décerné par le Haut Commissariat pour les Réfugiés.
Le programme est très utilisé dans les camps de réfugiés (la Jordanie est l'un des trois pays qui a accueilli le plus de réfugiés syriens) car il "permet de réduire le stress et créer un sentiment de résilience", développe Rana Dajani. "Le symbole de l’association est le papillon car il représente le changement mais également la métaphore de l’effet papillon", complète-t-elle.
Des éditeurs investis pour relancer le secteur
Au Maroc, la situation sanitaire liée à la crise du Covid-19 reflète l’impact sur le secteur du livre dans le monde arabe (plusieurs foires internationale du livre comme celle du Caire ont dû être supprimées). L’Union Professionnelle des Editeurs du Maroc a donc décidé de lancer l'opération "La lecture, acte de résistance". Un catalogue de livre va être prochaînemeny envoyé dans plusieurs librairies qui seront libres chacune de faire des réductions aux clients. "Pour dire que le livre n’est pas mort, et pour encourager la lecture", explique Loubna Serraj, éditrice à La Croisée des Chemins. Pour soutenir encore davantage les libraires partenaires de l’initiative, les commandes seront facturées plus tard par les éditeurs, selon les ventes réalisée. "On souhaite faire un cercle vertueux pour relancer le secteur du livre", résume l'éditrice.