EBOOKS

Tous les pays européens ne sont pas égaux devant la TVA appliquée aux livres numériques.- Photo OLIVIER DION

Occultée par la hausse de la TVA sur les livres papier finalement repoussée au 1er avril, la baisse de la même taxe sur les livres numériques, de 19,6 % à 7 %, est bien en vigueur depuis le 1er janvier. Mais seul Gallimard a annoncé l'avoir intégralement répercutée dans ses tarifs, et cela dès le 19 décembre. Les filiales du groupe ont fait de même quelques jours plus tard, pour être prêtes au 1er janvier. Le Goncourt (L'art français de la guerre, Alexis Jenni) est désormais à 14,99 euros contre 16,80 euros auparavant, le Goncourt des lycéens (Du domaine des Murmures, Carole Martinez) est à 11,99 euros contre 13,50 euros. Par rapport à la version papier de ces titres, la réduction approche les 30 %. En raison des fonctions de son P-DG, également président du Syndicat national de l'édition, le groupe se sait très observé à propos de la répercussion de cette baisse de TVA, ardemment souhaitée par la profession, qui a réussi à convaincre le gouvernement français, mais contestée par la Commission européenne.

Les autres éditeurs se donnent plus de temps. Dilicom a certes constaté des mises à jour massives sur les quelque 100 000 ebooks répertoriés dans sa base, mais elles concernaient apparemment le taux de la taxe, et non les tarifs des livres. Hachette, premier groupe d'édition français et le plus avancé dans la numérisation de son fonds, indique qu'il répercutera bien la baisse, dans des proportions dont le calcul reste à fixer. D'autres éditeurs, tels Leduc.s, Remue.net, Bragelonne, estiment que leurs prix numériques ont été d'emblée établis à des niveaux assez bas, en faisant l'effort de comprimer leurs marges alors que la TVA était à 19,6 %.

Même si elle n'a aujourd'hui pas d'enjeu financier ou fiscal majeur, cette taxe sur le livre numérique va devenir un sérieux sujet d'empoignade au niveau européen. Comme la France, le Luxembourg s'est assis sur la réglementation européenne et a aussi décidé d'appliquer un taux réduit aux ebooks vendus à partir de son territoire, depuis le 1er janvier. Dans ce havre de non-violence fiscale, ce mini-taux est de 3 % seulement, ce qui redonne à Amazon, à Apple et à Sony un avantage de marge sur leurs concurrents français de 4 %. Mais ce différentiel saute à 18 % sur les librairies numériques belges, qui demandent une solution à leurs pouvoirs publics. En Allemagne, ce différentiel de taux atteint 15 %. Entre les partisans d'une généralisation du taux réduit dans l'Union européenne et les défenseurs du maintien du taux normal (dont le ministère allemand des Finances), la discussion promet d'être animée.

Les dernières
actualités