L'Union internationale des éditeurs (UIE/IPA en anglais) a annoncé hier, lundi 30 mai, sa sélection de finalistes pour le prix Voltaire 2022. L'éditrice indienne VK Karthika, la maison Samesky Publishing (Thaïlande), l'éditeur Raúl Figueroa Sarti fondateur des éditions F&G Editores (Guatemala), l'auteure et réalisatrice Nahid Shahalimi (Afghanistan/Canada) et l'Union ukrainienne des éditeurs et libraires (UPBA) sont en lice. Le prix sera remis le 12 novembre 2022 lors du 33e congrès international des éditeurs organisé par l'UIA à Jakarta (Indonésie).
C'est à l'occasion du premier forum mondial de l'expression (World Expression Forum) qui se tient actuellement en Norvège, que l'UIA a dévoilé ses finalistes pour le prix Voltaire. Avant que la liste ne soit dévoilée, la précédente lauréate, Rasha Al Ameer, cofondatrice de la maison d'édition libanaise Dar Al Jadeed, dont le frère éditeur avait été tué durant l'année 2021, a déclaré : « En temps de guerre, la liberté murmure et hiberne. Notre devoir est de la réveiller et de la défendre, et c'est ce que fait le Prix Voltaire. Le Prix Voltaire l'a fait lorsqu'il a récompensé Dar al Jadeed l'année même de l'assassinat de Slim Lokman : c'était un message clair à ceux qui prennent la décision de tuer en toute impunité: le sang de Lokman compte. »
Crée en 2015, le Prix Voltaire met en lumière une personnalité, un groupe ou une organisation qui « ont publié des ouvrages controversés sous la pression, les menaces, l'intimidation ou le harcèlement, que ce soit de la part de gouvernements, d'autres autorités ou d'intérêts privés [...] ou qui se sont distingués par leur respect des valeurs de la liberté de publication et de la liberté d'expression », explique l'UIE. Le prix est assorti d'une enveloppe de 10 000 francs suisses.
La sélection du Prix Voltaire :
- VK Karthika (Inde) : Anciennement éditrice chez Westland Books (appartient aujourd'hui à Amazon), elle a travaillé chez Penguin Books India et HarperCollins India. Elle a publié plusieurs livres « qui ont mis le gouvernement indien mal à l'aise », explique le Prix. Elle a rejoint en 2022, Pratilipi, une plateforme d'écriture en ligne et une maison d'édition.
- Samesky Publishing (Fah Deaw Kan) (Thaïlande) : Créée en 2002 par d'anciens étudiants militants, la maison a publié de nombreuses revues et de livres universitaires en sciences sociales et humaines. L'éditeur a déjà dû « faire face à la surveillance de l'État qui a tenté de le poursuivre pour sédition », explique le Prix Voltaire.
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Raúl Figueroa Sarti (F&G Editores) (Gutemala) : « Il se fait l'avocat d'une société civile humaine dans une région déchirée par la guerre et la corruption », explique l'UIA. Il a aussi encouragé l'organisation d'éditeurs indépendants en Amérique centrale. F&G Editores a publié certains des ouvrages de fiction et de non-fiction les plus importants d'Amérique centrale. Raúl Figueroa Sarti a reçu le « Prix international de la liberté de publier » (International Freedom to Publish) pour le travail et l'engagement de sa maison F&G Editores dans la défense de la liberté d'expression et de publication.
- Nahid Shahalimi (Afghanistan/Canada) : Artiste et militante des droits humains, elle a fui l'Afghanistan à 11 ans et s'est installée au Canada. Entre 2014 et 2018, elle a recueilli des histoires de femmes afghanes qu'elle a rassemblées dans un livre en 2017 (Where Courage Bears the Soul : Stories of Courageous & Inspiring Afghan Women). Elle est engagée également dans des projets en faveur des femmes et des filles en Afghanistan.
- L'Union ukrainienne des éditeurs et libraires (UPBA) : L'association est engagée auprès de ses membres éditeurs en leur « partageant des informations et en promouvant des initiatives dans le but de les soutenir et les aider. Elle participe aussi à fournir des livres aux réfugiés en dehors du pays et à préserver la tradition et la culture de l'édition du pays », explique le Prix Voltaire.