Dévoiler les coulisses de l’armée ne se fait jamais sans embûche. Le lieutenant Luis Gonzalo Segura de Oro-Pulido, qui a passé douze ans au service de l’armée espagnole, en sait quelque chose depuis qu’il a publié
Un paso al frente ("Un pas en avant"), une œuvre de fiction qui s’est vendue à plus de 10 000 exemplaires et repose sur des allégations de corruption et d’abus de pouvoir dans l’armée. Une procédure disciplinaire l’a condamné, le 18 juillet, aux peines maximales, soit une peine d’emprisonnement de deux mois ainsi qu’une suspension de poste,
rapporte El Pais.
La peine n’est pas liée au contenu de son roman - pour lequel une autre procédure a été ouverte, pouvant conduire à son expulsion des forces armées – mais à des déclarations faites lors de différentes interviews à l’occasion de la promotion du livre.
Du centre disciplinaire à l’hôpital
En cause, des citations publiées dans plusieurs médias numériques et dans lesquelles il affirme, par exemple, que "
le harcèlement au travail dans l’armée est un outil utilisé par le commandement", que certains se livrent à des "
comportements pseudo-mafieux" dans les casernes, que "
la justice militaire est tout sauf indépendante", ou encore que
"les clubs militaires pour que les officiers jouent au golf, fassent de l’équitation ou profitent d’une piscine chauffée sont payés avec l’argent public".
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Le chef d'état-major des armées, le général Dominguez Buj, considère que ces déclarations relèvent de deux fautes disciplinaires : "
faire des déclarations contraires à la discipline […]
les réaliser via des médias sociaux" et
"employer des expressions contraires, réaliser des actes irrespectueux ou adopter une attitude dénigrant les autorités militaires".
Pour protester contre un procès qu’il juge "
injuste", l’auteur a entamé une grève de la faim dès le 17 juillet. Il a été transféré, le 20 juillet, du centre disciplinaire de l’armée de terre où il exécutait sa peine à l’hôpital militaire Gomez Ulla, à Madrid.
"Il ne comprend pas qu’il ait été puni pour avoir dénoncé des cas des corruption et qu’aucune enquête n’ait été ouverte pour déterminer si ce qu’il dénonce est vrai", plaide son entourage.
Dans une déclaration écrite, Luis Gonzalo Segura de Oro-Pulido assurait qu’en aucun cas ces déclarations n’ont été faites pour porter préjudice à l’armée mais pour promouvoir son roman et susciter une réflexion. Sa défense a annoncé qu’il allait faire appel devant le ministre de la Défense, Pedro Morenés, et demander la suspension de l’exécution de l’arrêt.