29 AOÛT - ROMAN Argentine

Patricio Pron- Photo DR

Après huit ans d'absence un fils se rend au chevet de son père mourant. L'expatrié argentin vivait à Berlin où la consommation de drogue et la dépression l'avaient éloigné des siens, effaçant jusqu'à la mémoire de son propre pays. Il débarque à 300 km au nord-ouest de Buenos Aires, à l'hôpital où gît le patriarche amoindri, criblé de tubes. Entre l'ancien journaliste et son fils, une incompréhension sourde, pas tant une mésentente foncière qu'une chape de silence qui empêche que s'épanouisse le dialogue véritable. Le narrateur essaie de comprendre l'attitude de ses pères. Les titres de la bibliothèque parentale parlent pour ces lecteurs militants de gauche : "Bases pour la reconstruction nationale" ; "Episode de la lutte des classes, Un" ; "Péronisme et socialisme", etc. Avec une lucidité désabusée que n'ont pas altérée les antidépresseurs, il analyse : "La génération de mon père avait été différente, certes, mais une fois de plus il y avait un élément dans cette différence qui était aussi un point de rencontre, un fil qui traversait les époques et nous liait en dépit de tout, un fil effroyablement argentin : la sensation d'être liés dans la défaite, parents et enfants." Une vie se défait et une autre se découvre, le fils tombe, dans les affaires de son père, sur une étrange disparition : Alberto José Burdisso, un factotum employé au Club Trebolense. Au fur et à mesure qu'il épluche le dossier, il plonge dans l'obsession du journaliste. Burdisso a été retrouvé mort au fond d'un puits car il ne voulait pas signer des papiers cédant sa maison à sa compagne et son amant. Banal fait divers, si ce n'est que cette propriété avait été acquise avec l'indemnisation du gouvernement pour la mort de la soeur de Burdisso durant la dictature. Un mystère en cache un autre. Le père du narrateur, qui connaissait Alicia, une consoeur journaliste, était obnubilé par sa disparition.

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