4 mai > Roman France

C’était entre 1968 et 1985. Sept doubles meurtres particulièrement atroces de jeunes couples surpris dans leurs ébats étaient commis par un assassin longtemps insaisissable. La presse et bientôt l’opinion publique, prises d’effroi comme de fascination, l’avaient appelé "le monstre de Florence". De nombreux suspects furent arrêtés sans que jamais leurs culpabilités puissent être établies. Comme il n’y eut plus de meurtres, on passa à autre chose, si ce n’est sans doute Thomas Harris, à qui le monstre en question inspira Hannibal Lecter du Silence des agneaux.

La Toscane aujourd’hui. Le monstre est peut-être revenu. Voilà qu’autour de Florence, dans ces champs et ces vallons qui célèbrent la gloire du printemps, fleurissent à nouveau les cadavres vanités atrocement mutilés. Jacopo D’Orto, un capitaine des carabiniers qui aurait sans doute souhaité préparer sa prochaine retraite autrement qu’en revivant son pire cauchemar, est chargé de l’enquête. Il ne va pas tarder à s’intéresser à Miles Lemoine, venu avec sa fille de 17 ans échapper au souvenir d’un amour brisé et d’un divorce douloureux, pour enseigner la civilisation américaine à l’université. Dans un pays marqué par la déliquescence morale du berlusconisme, les deux hommes ont rendez-vous avec leurs plus intimes fantômes.

Si elle donne aujourd’hui dans le roman noir, nul doute que Simonetta Greggio poursuit avec ce glaçant Black Messie son projet romanesque d’autopsie de son pays natal, entrepris avec les deux très grands livres qu’étaient Dolce Vita 1959-1979 et Les nouveaux monstres 1978-2014 (Stock, 2010 et 2014). Comme toujours avec elle, la rage s’y substitue à la tristesse, la douleur des hommes à la compagnie des spectres. Hautement recommandé. O. M.

22.04 2016

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