Michèle Lesbre célèbre les résistants, que ce soient ceux qui s’opposent à la nuit du monde, ceux qui se battent pour leurs idéaux ou ceux qui traversent les épreuves dignement. Toute son œuvre est traversée par la voix d’inconnus qui se sont fondus dans l’Histoire comme dans Victor Dojlida, une vie dans l’ombre. Des êtres affrontant leurs failles intimes ou collectives.
Une façon détournée de parler d’elle dans ses romans ou ses récits.
Celui-ci renferme un condensé de vie qui se raconte par fragments. Il se veut une lettre ouverte à Marion du Faouët. Héroïque pour certains, maléfique pour d’autres, cette effacée du XVIIIe siècle a connu un terrible sort. Alors que l’auteure s’inquiète de celui de la planète, elle songe à "la jeune femme révoltée et rebelle, qui [lui] rappelle[s]es propres colères, [s]es propres engagements, les blessures que laisse l’Histoire".
A l’heure où Michèle Lesbre traverse une rupture, elle revient sur les combats utopiques de sa jeunesse. Une révolte contre l’injustice politique et sociale, qu’on retrouve dans le parcours de Marion du Faouët. Cette féministe avant-gardiste - sorte de "Robin des Bois bretonne" - se voulait avant tout libre. Libre d’aimer, d’aider les pauvres ou d’aller à contre-courant. Ces temps tourmentés ont bien besoin d’une telle femme de caractère. A travers sa lettre, adressée à cette oubliée, Michèle Lesbre a "l’impression de sauver quelque chose d’intime" : "Je me sentais comme étrangère dans ce présent qui me paraissait illisible. Il faut sans cesse veiller sur nos conquêtes, elles sont fragiles."Kerenn Elkaïm