Qui ne rêverait de fréquenter l’école des Bois profonds ? En plein cœur d’une vaste forêt, elle impose son saisissant bâtiment à la Jean Prouvé. Un temple du savoir dont l’originalité n’est pas seulement à l’extérieur mais aussi à l’intérieur. Ici les élèves ont tous un petit truc qui cloche : trop lents, trop rapides, trop taiseux, trop bavards… Achille, lui, fait dans l’excès de bêtises. Quand il ne terrorise pas les petits, il joue au ballon avec le soleil du système planétaire de la classe. Un jour, de guerre lasse, la maîtresse l’envoie se "faire oublier à côté". Qu’à cela ne tienne ! Achille la prend au mot et se laisse vraiment oublier. Le soir venu, l’école déserte revêt une ambiance et un silence bien étranges. Très vite Achille se dirige vers le lieu interdit par excellence : l’armoire métallique du bureau du surveillant qui recèle les objets confisqués, dont le très convoité drone de Jérémie. Soudain des pas se font entendre et Achille voit la poignée tourner lentement… Surprise : le visiteur nocturne n’est autre que Massimo, le fils du directeur. Comme quoi on peut être premier de la classe et aimer les drones. Ensemble le cancre et le fort en thème explorent la salle d’arts plastiques où ils se barbouillent le visage de peintures de guerre, et celle de géographie, où ils lacèrent la carte d’Europe à coups de stylos Bic transformés en sarbacanes ! Le gymnase, lui, est le théâtre du sacre d’Achille Ier, souverain tout-puissant qui adoube son fidèle chevalier. L’imaginaire de Max Ducos s’en donne à cœur joie à inverser ainsi toutes les valeurs, à transformer le temple du savoir en terrain d’aventures, les derniers en premiers, et les ennemis d’hier en meilleurs amis d’aujourd’hui. Les grandes planches de gouache sont resplendissantes. Mention spéciale aussi à la magnifique architecture de l’école et à tous les objets insolites des salles de classe qui, la nuit, se parent de mystère supplémentaire : Oscar le squelette ou les patères colorées du couloir. Fabienne Jacob