Prévue de longue date et connue depuis début juin, la fermeture de The Village Voice Bookshop prendra effet le 31 juillet au soir, après 30 années d'existence au coeur du quartier latin.

A 70 ans, sa fondatrice, Odile Hellier, a décidé rendre les armes, non sans s'être battue farouchement contre les géants de la vente en ligne, tels Amazon, qui, profitant de la dérégulation du marché du livre anglo-saxon, pratiquent des rabais qu'elle ne peut tenir et ont tari progressivement le flot de ses clients et la fréquence des achats.

Malgré les animations fréquentes et reconnues, un service client soigné, concernant notamment les commandes client et une ouverture sept jours sur sept, la fréquentation s'est donc érodé. Ce facteur, conjugué à la perte de marchés publics, à la disparition des étudiants du quartier, et, véritable coup de grâce, à l'apparition de l'iPad en 2010, a conduit à une perte dramatique de chiffre d'affaires, qui a chuté d'un tiers en deux ans.

« Comment ne pas être raisonnable et pourquoi continuer à souffrir », s'interroge alors la libraire, qui, ne pouvant plus faire face à ses engagements financiers, avait pris sa décision à la fin de l'année dernière. Mais « un miracle » venu tout droit de la fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littérature a offert un sursis de 6 mois à la librairie et a permis « une fermeture douce et non en catastrophe. » Véra Michalski, présidente de l'institution, a en effet sollicité The Village Voice pour la constitution de la bibliothèque de la Maison de l'écriture, projet porté par la Fondation et en cours de construction en Suisse.

Odile Hellier aura donc eu le temps de réunir, le 16 juin, clients, éditeurs et auteurs pour une soirée d'adieux et de programmer une dernière rencontre le 28 juin avec Michael Ondaatje, venu présenter La table des autres (à paraître le 23 août aux éditions de l'Olivier), avant de proposer un mois de soldes pour écouler son stock.