Mais si ! Parfois l'histoire peut se répéter. Prenez Vivendi. Ce groupe de communication avait émergé en 1998 de l'antique Compagnie générale des eaux avec en ligne de mire la convergence des médias, proclamée par son vibrionnant P-DG, Jean-Marie Messier dit J2M, ironiquement rebaptisé J6M (Jean-Marie Messier Moi-Même Maître du Monde) par l'équipe des « Guignols de l'info » sur Canal+. Vingt ans après, la même perspective d'intégration des contenus et des moyens de promotion et de diffusion est au cœur des raisons avancées par le même Vivendi pour reprendre l'ex-Vivendi Universal Publishing (Vup), auquel il avait dû renoncer en 2002 sous le poids d'un endettement faramineux. Un Editis pourtant délesté de Larousse, Dunod, Armand Colin et Dalloz lors de l'épisode de la reprise par Lagardère/Hachette (2002-2004).

Au-delà de sa capacité à séduire les Bourses du monde entier par sa cohérence et son apparente évidence, un tel discours sur la convergence des médias est-il plus valable aujourd'hui qu'hier ? En seize ans, Vivendi a non seulement fondu, mais aussi changé. Après le démantèlement de Vivendi Universal Net, la cession de Vivendi Universal Entertainment et le retrait du secteur de la téléphonie, entre autres, le groupe désormais détenu par Vincent Bolloré s'est recentré sur la télévision (Groupe Canal+), la musique (Universal Music Group), les jeux vidéo (Gameloft) et la publicité (Havas). Aussi exemplaire qu'ait pu être l'exploitation multimédia et multisupport de l'ours Paddington, brandie en étendard par Vivendi pour son acquisition, on imagine mal que ce modèle suffise à structurer un groupe d'édition diversifié, publiant près de 5 000 nouveautés chaque année. On peut simplement constater que, en attendant le grand soir multimédia, le deuxième groupe d'édition français a gagné, après une décennie plutôt attentiste, un actionnaire qui affiche pour lui une ambition.

22.11 2018

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