La production d'albums de bande dessinée (BD) a encore progressé en 2011 en dépit de la crise, pour la 16e année consécutive, avec 5 327 livres du 9e art diffusés dans les librairies francophones en Europe ou via internet, selon le rapport annuel de l'ACBD publié ce lundi.

En augmentation de 3,04% par rapport à 2010 (contre 5,85% entre 2009 et 2010) , soit 162 titres de plus, cette hausse prouve, "une fois de plus, l'incroyable foisonnement créatif du secteur", souligne Gilles Ratier, secrétaire général de l'association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD)

Pourtant, relève-t-il, "avec les effets de la nouvelle crise financière mondiale, les conditions économiques ne sont guère favorables pour ce média qui manque, depuis trois ans, de locomotives exceptionnelles". Ainsi seulement 1 577 véritables créations ont été publiées, soit 38 de plus qu'en 2010, ce qui représente 29,6% de la production globale. Les rééditions ont davantage le vent en poupe: le secteur partimonial est en pleine expansion, notamment grâce aux adaptations au cinéma comme Tintin ou L'élève Ducobu. Le communiqué constate que les "catalogues d'éditeurs sont de plus en plus riches et segmentés".

Quatuor dominant

Côté édition, quatre groupes dominent désormais l'activité du secteur, assurant à eux seuls 43,6% de la production alors que 310 éditeurs ont publié des BD en 2011.

Le principal événement éditorial de l'année est l'acquisition d'une part majoritaire des éditions Soleil par Guy Delcourt, lequel devient en chiffre d'affaires le deuxième plus important groupe éditorial et le premier indépendant du secteur, note le rapport. Suite à cette acquisition, Delcourt redevient aussi le plus gros producteur d'albums du moment avec 840 titres, soit 15,77% de la production de l'année.

Le groupe Médias-Participations est toujours le plus important sur le plan économique mais il n'est plus que le deuxième en ce qui concerne le nombre de titres, avec 775 albums publiés.

Le troisième éditeur du secteur, tant sur le plan économique que de la production, est le groupe Glénat, bien qu'il se soit séparé de sa branche espagnole. Il a publié 469 titres (8,8% de la production) sous son propre label ou sous ceux de ses filiales Disney, Drugstore, Mangas, Treize Etrange ou Vents d'Ouest.

Le groupe Flammarion (filiale de l'italien RCS) conforte sa quatrième place en termes de chiffre d'affaires tandis que ses labels Casterman, KSTR, AUDIE/Fluide Glacial, Jungle et J'ai Lu continuent de réduire leur production de BD avec 226 titres (4,24%).

Bien loin derrière, les filiales de bande dessinée d'Hachette Livre ont proposé 185 titres (3,47% de la production) par l'intermédiaire notamment d'Albert-René. Hachette Livre détient désormais l'ensemble des droits éditoriaux, audiovisuels et marchandising d'Astérix.

Cette étude ne donne pas les chiffres d'affaires annuels des groupes, l'année n'étant pas encore terminée, et les ventes du dernier trimestre (rentrée et Noël) étant déterminantes. Dargaud dominait largement notre dernier classement hebdomadaire des Meilleures ventes de BD avec 4 titres parmi les cinq premiers : XIII, vol.20 ; Quai d'Orsay, vol. 2 ; La planète des sages ; et XIII mystery, vol. 4.

Le bilan de l'ACBD note que cette "concentration accrue laisse peu de places aux autres éditeurs".

10 locomotives

En 2011, l'Association note par ailleurs que 99 séries ou rares oeuvres indépendantes (trois de moins qu'en 2010) ont bénéficié de mises en place appréciables, soit des tirages à plus de 50 000 exemplaires, dont 82 appartiennent au domaine franco-belge. Les tirages sont, cependant, généralement en baisse : les éditeurs préférant être vigilents et mesurer leurs risques financiers.

10 d'entre elles ont bénéficié de tirages à plus de 160 000 exemplaires, avec en tête XIII, le 20e volume de la série de Dargaud (500 000 exemplaires), devant Kid paddle, Boule et Bill, Thorgal, Kid Lucky, XIII Mystery, Cédric, Les légendaires, Lanfeust Odyssey et Les nombrils. Il faut y ajouter les trois nouveaux tomes du manga Naruto, tirés à 250 000 exemplaires chacun.

L'oeuvre indépendante en tête des tirages est Julia & Roem d'Enki Bilal (150 000 ex.). Quant aux Simpsons, tous albums confondus, ils ont été imprimés à 1 080 000 exemplaires.

Des écarts de plus en plus grands

"Il en découle que le tirage moyen baisse une fois de plus, ceci alors que l'écart continue de se creuser entre les «best-­sellers» (tirés à au moins 20 000 ex.) et les autres tirages" constate amèrement le rapport.

L'ACBD a comptabilisé 1 487 auteurs réussissant à vivre, "souvent difficilement" de la création de BD. 17 49 ont publié au moins un album en 2011. Dans les deux cas, la hausse est notable. Le métier reste essetiellement masculin.

455 manifestations

Enfin, cette année, il a été recensé plus de 455 manifestations et événements (351 en 2010) autour de la BD. Les plus populaires sont respectivement Angoulême (218 000 visiteurs), Japan Expo Paris (192 000 visiteurs), Aix-en-Provence (54 000 visiteurs), Saint-Malo (32 000 visiteurs) et Blois (20 000 visiteurs).