"C'est une fête qui a su bousculer les codes, en s'adressant à la jeunesse, en installant le livre dans des lieux où il n'était pas, à une période où il n'y avait rien" a renchéri Vincent Monadé, président du Centre National du Livre, rappelant les chiffres de la précédente édition : 3 000 événements sur tout le territoire, 500 000 participants, 900 organisateurs, 200 auteurs et illustrateurs, 10 000 livres offerts par les éditeurs et 11 300 Chèque-Lire distribués.
"La nouveauté, c'est que ça s'appellera toujours Partir en livre" a-t-il lancé en précisant le calendrier 2017 : appel à projets du 6 décembre au 23 janvier (fichier à télécharger ci-contre), labellisation des événements par un comité de sélection, référencement de toutes les initiatives sur le site à partir d'avril, outils de communication disponibles à partir de juin. Il a confirmé que l'événement conçu par le SLPJ 93 à Pantin serait reconduit, ainsi que les partenariats avec France Télévisions et Radio France, et qu'un "effort particulier serait fait pour les événements régionaux".
Du ludique au littéraire
Hélène Fishbach, directrice de Quais du polar de Lyon, le défi résidait en l'attraction d'un public adolescent qui ne vient pas naturellement, contrairement à celui du Festival Quais du polar. "C'est une façon inversée de réfléchir. Nous sommes d'abord partis de l'aspect ludique pour construire la partie littéraire autour. Nos médiateurs sont ensuite allés chercher des gens toute la journée dans le parc de la Tête d'or, où nous leur proposions quatre parcours autour de la fiction U4 (Nathan/Syros)" a-t-elle raconté.
Philippe Robinet, président du Labo des histoires, a ajouté : "On a créé 60 ateliers gratuits, pour les 9-25 ans, dans des endroits non dédiés à l'écriture comme les plages du nord ou de Martinique, avec des intervenants - auteurs, paroliers, scénaristes, écrivains - rémunérés. Notre objectif était d'aller chercher des publics en vacances pour qu'ils trouvent une écoute. Nous avons prouvé que l'écriture se transmet.” Il a aussi annoncé que l'association espérait plusieurs camions pour l'édition 2017.
La communication et les moyens financiers ont été les questions soulevées par le public, auquel Vincent Monadé a répondu qu'il comptait sur un budget supérieur en 2017 (celui de 2016 était de 700 000 euros), bien que celui-ci ne soit pas encore voté. "Le manque de moyens nous a limité dans nos projets" a souligné une bibliothécaire de Bourges, à laquelle Vincent Monadé a répondu qu'il recherchait des partenaires financiers. "On manque de cash et on essaie d'en trouver" a-t-il avoué crûment.
Une libraire jeunesse de l'Aude soulignait qu'elle n'avait pas pu travailler avec les bibliothèques rurales animées par des bénévoles ni la Bibliothèque départementale de prêt. Vincent Monadé s'est engagé à les contacter. "Les gens sont venus par hasard. Ce n'est pas Partir en livre qui les a amenés : il nous faut trouver le moyen de communiquer auprès des familles et des enfants" a souligné une de ses consœurs, libraire jeunesse itinérante en Savoie, à laquelle Vincent Monadé a répondu qu'il cherchait de nouveaux partenaires financiers et "rêvait des panneaux JCDecaux". "C'est le défi de cette année : on attend le déclic. Les gens ne se déplacent pas encore pour Partir en livre" a-t-il ajouté.
"On vit mieux quand on lit, on vit mieux quand on écrit. Nous devons aller chercher ceux qui ne s'autorisent pas à lire ou à écrire. C'est la démocratie qui se joue derrière ça" a insisté Philippe Robinet. "Partir en livre est un choix politique fort et assumé du ministère de la Culture. La lecture doit aller à la rencontre des gens qui se sentent exclus des librairies ou des bibliothèques. Il faut briser le tabou. C'est une question de politique publique : il s'agit de créer une nation de lecteurs, qui sera amenée plus tard à prendre des décisions" a conclu Vincent Monadé, avant d'annoncer la première "Nuit de la lecture" le 14 janvier 2017 dans les bibliothèques.