2 novembre > Histoire de l’art Suisse > Henri Stierlin

Il n’est que de placer face à face un kouros grec archaïque et un Immortel de Darius défilant sur les murs de Persépolis, avec leurs mêmes cheveux et barbes frisottés, leurs yeux en amande et leur sourire énigmatique, pour se rendre compte combien l’historien de l’art suisse Henri Stierlin a raison : il existe une évidente proximité entre les styles, les matériaux, les intentions des artistes. Magnifier le corps humain, en faire le symbole d’une civilisation, la Grèce, ou d’un empire, celui des Achéménides, résultat de la sédentarisation des tribus perses et mèdes. Stierlin, comparatiste, se fondant à la fois sur les sources antiques (comme Hérodote) et les recherches les plus pointues de l’archéologie moderne, remet en cause nombre de théories et de clichés, hérités du XIXe siècle. Il démontre que des architectes et des artistes grecs de Samos et d’Ionie, après l’invasion de l’Anatolie par les Perses au VIe siècle avant Jésus-Christ, ont été "déportés" vers les cités achéménides, consentants et bien traités, afin d’y exercer leurs talents. Notamment la construction des palais de Pasargades, qui renferme le tombeau de Cyrus II, celui de Persépolis, chef-d’œuvre édifié à la gloire de Darius Ier puis de Xerxès, ou encore, à Suse, le palais d’hiver de Darius. Tous ces monarques, et leurs peuples (plus de trente nations constituaient l’empire), avaient une passion pour le luxe, loin de la relative austérité des Grecs. Les Athéniens, cependant, grâce à Périclès, répliqueront à la frise des Tributaires de Persépolis par celle des Panathénées du Parthénon, un demi-siècle après. Ce qui démontre que les nations de l’Antiquité n’étaient pas fermées, et préfigure le rêve d’Alexandre le Grand d’unir dans un même monde Occidentaux et Orientaux. J.-C. P.

Les dernières
actualités