Après la mort, le 27 juin à Nanterre, de Nahel, mineur tué par un policier, des émeutes se sont déclenchées, et des médiathèques ont été prises pour cible. À Marseille, Amiens, dans la métropole de Lyon... au moins trente d’entre elles ont été touchées.
Le 29 juin, des individus forcent l’entrée de la bibliothèque Jean-Macé, à Metz, toute proche de la mairie du quartier de Borny, et tentent de mettre feu à des fauteuils avant de partir, relate l'adjoint à la culture Patrick Thil. Le soir du vendredi 30 juin, le bâtiment est cette fois complètement incendié. « Les pompiers n’ont pas pu entrer dans le quartier, il manquait la police pour les assister, déployée en centre-ville, et quand elle est arrivée, c’était trop tard. Surtout que les pompiers étaient appelés au même moment pour sauver un commissariat de police avec des personnes à l’intérieur », rapporte le conseiller municipal, qui a rencontré l’équipe de la bibliothèque mardi 4 juillet. « On est restés plus de deux heures avec le personnel, certains étaient en pleurs. Ce sont des militants de la cause culturelle, qui travaillaient dans un lieu de forte mixité sociale. »
110 000 documents et 12 millions d'euros réduits en cendres
Les bibliothécaires devraient bientôt trouver des locaux provisoires, pour assurer un minimum de service public. « Mais une reconstruction n’est pas d’actualité », précise Patrick Thil. Il s’interroge : « Qu’est-ce qui a été visé ? Le bâtiment institutionnel, ou les livres ? » 110 000 documents et 12 millions d’euros réduits en cendres. La médiathèque s'apprêtait à fêter ses 30 ans. Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien se comptent par centaines.
« Des gens venaient de loin, parce que c’était une médiathèque agréable, avec beaucoup de lumière, et fonctionnelle. C’était beaucoup plus qu’une médiathèque de quartier, c'était une deuxième maison, s’émeut un bibliothécaire qui souhaite rester anonyme. Des parents ne savent pas comment l’annoncer à leur enfant. » L’agent a appris la nouvelle au réveil, le samedi, par message. « J’ai eu l’impression de me réveiller d’un cauchemar. » Et s’est tout de suite posée la question du pourquoi. « On suppose que le lendemain de la première attaque, quand la médiathèque a vraiment brûlé, il n’y avait pas que des jeunes de Borny. On ne peut pas croire que des jeunes aient brûlé LEUR médiathèque. »
Aujourd’hui, l’ensemble des bibliothécaires de Metz s’organisent pour l’après. « On a déjà des sollicitations d’acteurs sociaux de Borny qui veulent travailler avec nous. On veut aller de l’avant. Tout le réseau est déterminé. »
L'Association des bibliothécaires de France (ABF) propose sur son site un formulaire pour recenser les différentes dégradations de médiathèques subies ces derniers jours. Elle rassemble par ailleurs des outils et des informations qu’elle mettra en ligne, pour accompagner et soutenir les équipes concernées.