En février 2012, la place du Capitole à Toulouse perdra une de ses plus anciennes enseignes. Sous le coup d'une pression immobilière démesurée, Georges Blanc, propriétaire et dirigeant de Castéla, a décidé de stopper son activité. Cette décision, lourde de conséquences pour les 33 employés de la librairie, résulte "d'une analyse froide de gestion et d'un constat d'une réalité qui va s'accentuer et non son déni », précise celui qui pilote depuis quarante-cinq ans l'institution toulousaine.

La hausse récente du loyer, qui excède 200 000 euros à l'année, par la société immobilière propriétaire des murs "ne concorde plus avec le compte d'exploitation d'une librairie », souligne Georges Blanc. D'autant que Castéla a enregistré l'année dernière un tassement de son CA, de 5,035 millions en 2009 à 4,659 millions d'euros en 2010. D'autres éléments ont également nourri la décision finale. L'obligation, d'ici à deux ans, de mettre le magasin aux normes de sécurité, entraînant des travaux d'envergure, a pesé sur l'avenir de la librairie, ainsi que, comme le souligne Georges Blanc, "le manque de lisibilité sur la position des éditeurs vis-à-vis du numérique et la révolution de la chaîne du livre, où d'autres formes de distribution du livre se dessinent ».

Depuis son annonce la semaine dernière, la fermeture provoque de multiples réactions, à commencer par celle de Christian Thorel (Ombres blanches) : "Je ressens beaucoup de dépit. Cette disparition a une signification lourde : elle symbolise l'effacement en cours du livre et un processus d'exclusion des centres-villes à l'encontre de tout ce qui n'est pas une marque. »

Le maire PS de Toulouse, Pierre Cohen, s'est déclaré sur Facebook "indigné par le comportement spéculatif  » de la société immobilière propriétaire des murs. Et malgré les espoirs de bon nombre de particuliers - une pétition circule sur le Net (1) -, Castéla ne rouvrira pas ailleurs. "Un relogement est d'autant plus improbable que 1 800 m2 sont impossibles à trouver et que les pressions locatives seront tôt ou tard les mêmes ailleurs », assure Georges Blanc.

(1) www.petitionenligne.fr/petition/contre-la-fermeture-de-castela-a-toulouse/1870.