Ça ne se refuse pas ! Tout ce qui concerne le livre, les bibliothèques, les librairies, ça m'intéresse. Que ces lieux restent ouverts, soient fréquentés, que le livre soit représenté. Les bibliothèques sont pour moi le lieu de la découverte et de l’émancipation.
Quelle est la bibliothèque de votre enfance ?
J’ai grandi à Niort et me souviens de cette grande médiathèque où il n’y avait pas de frontières entre la pièce BD, la pièce jeunesse, tout près des romans. J’ai passé des après-midis à déambuler seule parmi les livres, découvrir les images des dessinateurs et plus tard les auteurs. Mes parents me laissaient me balader, je faisais mes découvertes toute seule, et tant mieux !
Et étudiante ?
J’ai fréquenté, pour mes études de lettres, des bibliothèques universitaires beaucoup plus austères que celle de mon enfance, mais il s'agissait toujours de lieux qui font grandir. Et quand je suis arrivée à l’école Estienne puis aux Arts décos, à Paris, je me souviens de la médiathèque Forney, dans le Marais, qui est très frappante par son allure, son architecture d’hôtel particulier de la Renaissance. J’ai été émerveillée par les collections d’affiches d’illustrateurs comme André François. Ça fait partie de mon apprentissage de dessinatrice.
Fréquentez-vous encore les bibliothèques ?
Assez peu, parce que je me suis constitué une bonne bibliothèque chez moi ! J’ai besoin d’avoir avec moi les romans, les essais, les catalogues d’exposition, les livres d’art que j’ai chinés. Mais je fais encore des choses intéressantes dans les bibliothèques. En 2017, on avait présenté avec la chorégraphe et danseuse DD Dorvillier, une pièce où je dessinais pendant qu’elle dansait. Et jusqu’en janvier 2021, la BPI de Beaubourg a exposé mes dessins. C’est une joie et c'est aussi important pour moi d’être exposée dans des lieux publics et gratuits.
A quoi ressemble votre bibliothèque idéale ?
Je rêve d’une bibliothèque dans les arbres, en hauteur, pour allier culture et nature. Une bibliothèque qui courre dans les branches centenaires, sans fin, pour lire et rêver en plein air, avec les oiseaux et les grillons, dans les odeurs de campagne. Les odeurs, c’est très important. Proust en parle beaucoup mieux que moi dans son essai Sur la lecture, où il dit qu’on se souvient moins du livre que de l’endroit où on l’a lu. J’ai par exemple lu Emile Zola, La Faute de l'Abbé Mouret, dans un verger qui correspondait parfaitement au jardin du Paradou. Ou voyagé avec Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, entouré des senteurs d’aiguilles de pins...