Un livre sur les momies? Ce doit être macabre, se dit-on en ouvrant avec appréhension l’album. Un préjugé vite démenti. Du moins après la première page où est détaillée la décomposition des corps après la mort. Les bactéries des intestins pètent, leurs gaz attirent des mouches dont les asticots vont grignoter les chairs. Très peu ragoûtant, on le concède. Les plus anciennes momies ont été découvertes au Chili chez les pêcheurs Chinchorros qui vivaient il y a 7 000 ans. Incas et Chinois étaient eux aussi friands de ces rites funéraires, offrandes aux dieux ou moyen d’accéder à la vie éternelle. Certaines de leurs momies sont inoubliables, comme cette espiègle Xin Zhui qui a vécu dans la dynastie Han et qui nous tire la langue 2 000 ans après sa mort. Les scientifiques savent tout de ses maladies et de son anatomie jusqu’à la composition de son dernier repas: du melon dont elle aurait mangé même les pépins! Autre découverte étonnante: les poux que les chercheurs ont retrouvés sur les enfants incas momifiés par le froid sur un sommet des Andes. C’était un grand honneur d’offrir aux dieux incas son rejeton le plus beau! Ainsi, une simple tache sur la peau pouvait éviter à un enfant d’être sacrifié. Qui dit momie dit Egypte ancienne, où le travail des embaumeurs pouvait durer 70 jours. Grâce à un crochet, ces derniers retiraient le cerveau par les narines. Cet organe n’avait pour eux aucune valeur, seul comptait le cœur! Quant aux chats égyptiens, si l’un d’entre eux mourait, toute la famille se rasait en signe de deuil et avant de le momifier. Croquignolets félins entourés de bandelettes que le malicieux Sébastien Mourrain s’amuse à dessiner. Comme quoi la mort peut inspirer un album très vivant. Fabienne Jacob