Chaque année, le festival Numok met à l’honneur les outils digitaux des bibliothèques parisiennes, et pour cette édition 2021 marquée par la crise sanitaire, recourir au "distanciel" est souvent le seul moyen de maintenir une animation. Même s’il y a déperdition de lien, constate Françoise Zamour : « En présentiel, lors de l’exercice d’écriture collective, les propositions fusent. Alors qu’en visio, les personnes, surtout celles qui n’ont pas la vidéo, ne savent pas trop quand prendre la parole », observe la chargée de l'action culturelle de la bibliothèque. « Si deux personnes parlent en même temps, c’est la cacophonie », rejoint Cynthia, une des écrivaines en herbe, qui regrette par ailleurs de ne pas avoir pu prolonger les échanges informels après la réunion. Et de visiter les lieux, comme elle l'aurait fait si elle s'était déplacée.
Musique de fond
Le distanciel demande une série d’adaptations. Plusieurs jours avant, les participants peuvent tester lien de connexion vers la plateforme et appeler l’animatrice en cas de pépin. Puis durant les deux heures, l’animatrice doit accorder une attention particulière aux huit participants maximum. Et à défaut d’être rassemblés autour d’une même table, ils se regroupent autour des mêmes textes, ce qui n'est pas toujours le cas en "présentiel". Le rythme est aussi plus rapide, « car quinze minutes en distanciel peut paraître long », justifie la bibiothécaire. « On pourrait éventuellement ajouter une musique de fond pour éviter les blancs », propose Amélie, une participante qui préfère être à distance. Car gros avantage : l’économie du temps de transport. Etre dans son salon a aussi amené la fille d’une participante à rejoindre spontanément l’atelier.
Le support numérique a d’autres atouts. La bibliothécaire a lancé, sur les boîtes mails des usagers, un sondage (sous la forme d'un calendrier virtuel) pour connaître le créneau qui les arrange le plus. Jouer avec la prédiction du téléphone personnel révèle aussi le vocabulaire habituel de chaque participant et fait repérer des mots communs à tous. Enfin, « le texte qu’on écrit peut être personnel. L’écran permet alors de se mettre en sécurité, de partager ce qu’on n’aurait pas partagé en présentiel », note Françoise Zamour. L’ordinateur peut faire écran, mais il brise aussi la glace.