L’un de ses derniers coups de cœur littéraires, Ton absence n’est que ténèbres de Jón Kalman Stefánsson (Folio), se présente comme une romanesque quête en puzzle. A 53 ans, Olivier Ploux a déjà bien complété la sienne.
Ça commence fort : diplômé de lettres modernes, le Francilien prend la tête de trois Alliances françaises à Madagascar. En fait, il s’agit d’éviter le service militaire. Ou plutôt, « de profiter de cette période pour se consacrer à l’enseignement à l’étranger ». Vue sur la plage de sable blanc au parfum de vanille. Sa mission est de coordonner les cours de français, la programmation culturelle et les ouvrages de la bibliothèque. Son mandat terminé, il enseigne bénévolement au lycée, et de retour en France en 1999, s'interroge sur le métier qui allierait culture, enseignement et bibliothèque : les bibliothèques, en fait !
Comme Olivier Ploux a pris goût aux responsabilités mais est trop âgé pour le concours de conservateur, il y va « lentement mais sûrement » : assistant de conservation contractuel à Aubervilliers, concours d’assistant de conservation, directeur de la bibliothèque de Herblay en 2002 (une petite poignée d’agents, à l’époque), concours de bibliothécaire territorial, directeur de la médiathèque de Franconville (cette fois, une équipe d’une quinzaine de personnes, et un bibliobus)...
Un projet de nouvelle bibliothéque
En 2009, il réussit le concours de conservateur, ouvert sans limite d’âge. Et un cabinet de recrutement le place à la direction d’un réseau de bibliothèques avec 50 agents, à Beauvais. Lorsqu’une place se libère à Plaine Commune, plus proche de l’« effervescence de l’Île-de-France, de mes attaches familiales et amicales », il saisit sa chance. D’abord responsable d’une médiathèque de Saint-Ouen puis du réseau des médiathèques de la ville, son territoire s’étend, depuis juin, à Saint-Denis. Un bassin de plus de 150 000 habitants. Neuf médiathèques, une centaine d’agents. Et ce projet : la construction d’une nouvelle bibliothèque de 5 000 m2. « C’est tout l’intérêt de ce nouveau poste, et c’est ce qui me manquait dans mon parcours », coche celui qui, enfant, voulait devenir architecte.
Gratuité
L’atout séduction de ce réseau : l’adhésion y est gratuite. Un sujet cher à l’auteur d’un mémoire sur le sujet. « Nous pensons que la gratuité des bibliothèques constitue non seulement un modèle économique adapté aux exigences de notre époque, mais aussi un modèle de bibliothèque à la française efficace », écrit-il. Convaincu que « le bien public est d'autant plus performant qu’il accueillera d’utilisateurs ».
« Je suis très pragmatique, c’est mon côté allemand (par ma mère) : je n’ai jamais eu de tabou avec la question comptable, pragmatique, financière », nous explique l’expert, qui livre régulièrement son plaidoyer auprès des bibliothécaires comme des élus et partenaires. « Il ne faut pas avoir une vision ethnocentrée de la bibliothèque, un peu seule, sur sa roche tarpéienne », avance le littéraire, qui s’enrichit aussi des interactions avec les personnes qui fréquentent sa bibliothèque. Comme cette lectrice, qui lui confie un jour : « La lecture de Danielle Steel m’a sauvé la vie ». Mission de bibliothécaire réussie.