La Foire du livre de jeunesse de Bologne, qui fête cette année son 50e anniversaire, a rendu hommage à Daniel Pennac. L'auteur de la saga Malaussène a été reçu en grand apparat docteur honoris causa en pédagogie par tous les collèges de l'université de Bologne mardi 26 mars, au cours d'une cérémonie dans l'ancienne église Santa Lucia.

Avec un sens certain de l'humour («Une erreur de casting. Le niveau baisse !»), un talent de comédien et beaucoup de sincérité, Daniel Pennac (né Pennacchioni), qui s'est exprimé en italien, a intitulé sa leçon doctorale Une leçon d'ignorance. Il y a célébré les pédagogues contre les démagogues, l'importance de la lecture et des auteurs qui «nous rendent plus fréquentables à nous-mêmes, plus aptes à préserver notre liberté d'être, à contrôler notre désir d'avoir et à nous consoler de notre solitude».

L'auteur de Comme un roman (best-seller en Italie) et des Droits du lecteur (que Gallimard Jeunesse a publié en pop-up cet automne) a aussi rendu hommage aux passeurs, auxquels il doit tout : «Aux passeurs, je dois mes bonheurs de lecture qui ne comptent pas pour rien dans le bonheur d'une vie. Aux passeurs, je dois le succès de mon travail d'écrivain qui est allé de bouche à oreille pour arriver jusqu'à vous. Les passeurs, en ce qui concerne mon rapport à l'Italie, furent Stefano Benni, qui introduisit mes livres chez vous, et Yasmina Melaouah, qui fait si joliment glisser mes textes de ma langue à la vôtre. Passeurs, enfin, vous-mêmes, qui avez choisi de m'honorer aujourd'hui, ce qui me touche infiniment plus que je ne saurais vous le dire. Merci, donc, de tout mon coeur, à vous tous.»

«On a beau ne pas attacher d'importance aux honneurs, c'est très impressionnant. Bologne est aussi l'université de Copernic, qui se permet de faire docteur honoris causa un ancien cancre (“un somaro”) et réalise en 2013 une véritable révolution copernicienne», a-t-il commenté plus tard, au cours de la soirée du 50e anniversaire et de la remise des prix.

Lors d'une conférence de presse un peu plus tôt, Daniel Pennac avait rendu hommage à Pierre Marchand, fondateur de Gallimard Jeunesse, «qui a révolutionné en France l'édition pour la jeunesse».

Il avait aussi déclaré : «Je ne veux être ni pédagogique ni moraliste. J'essaie d'être moi-même comme dans la littérature pour adultes. Je m'attache aux faits. Une mère raconte l'histoire d'une petite souris à son enfant. Passe une vraie souris. Elle pousse un grand cri. Cette cohabitation permanente m'intéresse : l'enfant accède à sa part adulte en cherchant une explication du monde. Chez l'adulte ressurgit un petit enfant terrorisé par la manifestation de la réalité. Il faut reconsidérer les concepts de maturité et d'enfance.»

Le 26 mars, l'auteur du Journal d'un corps a definitivement conquis le coeur des Italiens.