19 avril > Premier Roman Chine > A Yi

Tuer quelqu’un ne peut être anodin et pourtant dans le premier roman du Chinois A Yi, ancien policier et journaliste, un adolescent effectue ce geste sans ciller. "C’était la première fois. Cela me procura une sensation extrêmement étrange. Après avoir transpercé la peau et la chair, mon cœur avait perdu toute pesanteur." Un flottement dans lequel le jeune homme évolue déjà depuis un moment. Ayant perdu son père, il réside dans une académie militaire désertée.

Cette situation familiale l’oblige à dépendre de sa tante qu’il abhorre. "Horriblement malheureux", il se conforte dans un malaise solitaire. Kong Jie était si jolie et solaire qu’elle ne pouvait qu’attirer son regard. "Je pensais en la voyant : elle va mourir." Un piège tendu ne lui laissera aucune issue. Oscillant entre l’effroi et le sang-froid, son assassin prend la poudre d’escampette. Une fuite improvisée, qui va le mener dans des recoins reculés de Chine. Sa tête est mise à prix, mais il parvient à passer entre les gouttes. Un vieillard, une prostituée ou un orphelin croisent son chemin, sans se douter qu’il est LE criminel recherché.

"J’avais tenté de provoquer la fureur du monde extérieur, mais ce dernier semblait n’éprouver que répulsion à mon égard." Un sentiment renforcé lors de son arrestation. Comment saisir son comportement glaçant ? A Yi réussit l’impensable : approcher la cruauté nihiliste dans un style aussi détaché que la bande sonore de Pulp Fiction. Lui-même ne s’en n’est pas remis, comme il le confie dans sa postface. Kerenn Elkaïm

07.04 2017

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