Au Québec, malgré la fermeture des librairies en raison de la pandémie du 1er janvier au 7 février 2021, les ventes de livres ont connu "une progression historique" en 2021, indique la Société de gestion de la BTLF (banque de titres de langue française) dans un communiqué paru le 11 janvier.
Selon les premiers éléments du Bilan Gaspard, qui sera dévoilé intégralement en mars 2022 et qui repose sur un panel de 105 points de vente (hors grande diffusion), le marché enregistre en effet une hausse de 16,3% des ventes, éditeurs étrangers et québécois confondus. Pourtant, comme en France, le mois de décembre 2021 fait moins bien que décembre 2020, avec une légère baisse de 4,7%.
Les Québécois soutiennent leur littérature
Cette croissance exceptionnelle sur l'ensemble de l'année – loin devant celle de 2,5% constatée entre 2019 et 2020 – doit beaucoup au succès de la production locale. En effet, si l'on compare 2021 à 2020, les ventes de livres publiés chez les éditeurs québécois progressent de 18,3 % (contre +13,5% pour l'édition étrangère).
La littérature (+21,3%), la jeunesse (+15,2%), et la bande dessinée (+13,8%) sont les locomotives de cette envolée dont les prémices remontent à 2014, soit l'année de la première opération "Le 12 août, j'achète un livre québécois". En 2021, les ventes de la fiction québécoise ont ainsi été multipliées par huit ce jour-là dans les librairies indépendantes, selon la BTLF.
Un engouement qui s'observe d'ailleurs aussi bien dans les librairies physiques que sur les achats en ligne. Dans le classement des 50 livres les plus vendus en 2021 sur les libraires.ca, les auteurs québécois et issus de la diversité autochtone occupent ainsi les premières places, Michel Jean en tête avec son roman Kukum (Libre Expression). Le podium accueille également Un Café avec Marie de Serge Bouchard (Boréal), et Ollie, d'Elise Gravel (Scholastic), un livre sur la pleine conscience pour les enfants.
Du côté des éditeurs étrangers, la croissance est portée par la bande dessinée (+33,5%), la jeunesse (+11,6%), et la vie pratique (+11,3%).
"De nouvelles embûches" à prévoir en 2022
Les tendances québécoises sont proches de celles observées de ce côté-ci de l'Atlantique par le Syndicat de la librairie française. En effet, malgré un mois de décembre en baisse de 14% par rapport à décembre 2020, l'année 2021 s'achève sur une progression remarquable de l'activité en librairie de +20,4% par rapport à l'année précédente.
Des chiffres tirés, dans l'Hexagone comme au Québec, par une forte fréquentation des librairies depuis le début de la crise sanitaire. "Depuis pratiquement deux ans, nos membres voient des gens qu’ils n’avaient jamais vus dans leur librairie", indique au Devoir la directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ), Katherine Fafard.
Pas question toutefois de verser dans le triomphalisme. "De la pénurie de main-d’œuvre et de papier, à l’augmentation des prix de transports en provenance de l’Europe et de l’Asie, de nouvelles embûches feront partie du quotidien en 2022", ont ainsi rapporté plusieurs libraires et éditeurs au journal Le Soleil. "Il va y avoir des ruptures de stock plus nombreuses en 2022 qu’il y en a eu dans les années précédentes", estime notamment Arnaud Foulon, président de l’Association nationale des éditeurs de livres (Anel).