Manifestation

Dijon, capitale du livre d’aventure

Les Écrans de l'aventure, 33e édition, se sont tenus de mardi 1er à dimanche 6 octobre à Dijon - Photo PG

Dijon, capitale du livre d’aventure

Dimanche 6 octobre s’est close à Dijon la 33e édition des Écrans de l’aventure, après six jours d’une programmation exceptionnelle par sa densité et sa qualité, réunissant la crème des aventuriers et voyageurs littéraires hexagonaux. Deux ouvrages et cinq films ont été récompensés. 

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Par Pierre Georges , à Dijon,
Créé le 06.10.2024 à 20h34

« Que les gens des villes vivent plus simplement, pour que nous puissions tout simplement vivre ». Ces quelques mots issus d’Ice Builders, film de Francesco Clerici et Tommaso Barbaro racontant la lutte des habitants de la vallée himalayenne du Zanskar contre le changement climatique, résonneront sans doute longtemps dans l’esprit du public dijonnais.

Entre projections poignantes, rencontres littéraires de haute volée et autres « astrobivouac », la 33ᵉ édition des Écrans de l’aventure, festival international du film et du livre d’aventure organisé par La Guilde et la ville de Dijon, s’est terminée dimanche 6 octobre après une intense semaine. 

Pendant six jours, ce ne sont pas moins de 97 rendez-vous qui étaient donnés aux milliers de spectateurs, réunissant la crème française des aventuriers et des écrivains-voyageurs, du cinéma Olympia au Cellier de Clervaux en passant par le cinéma Le Darcy. Outre les librairies présentes sur les lieux du festival, quelques éditeurs avaient fait le déplacement, à l’instar des incontournables Éditions du Mont-Blanc de Catherine Destivelle.

Parmi les moments les plus marquants de ces quelques jours organisés autour du fil rouge « L’aventure pour grandir » : des randos-lectures nocturnes, une exposition photo en pleine ville sur l’envers du Nanga-Parbat ou encore les diffusions de Sophie Lavaud, le Dernier Sommet de François Damilano, suivant la première Française à avoir gravi les quatorze 8000 de la planète, ou de One with the Whale de Pete Chelkowski et Jim Wickens, relatant le cyberharcèlement qu’a subi un jeune chasseur de baleine en Alaska, et qui aura particulièrement marqué les esprits.

Des auteurs en mouvement

Autres temps forts du festival : les nombreuses rencontres et tables rondes littéraires, organisées sous les voutes du Cellier de Clervaux. L’une d’elles, organisée par Livres Hebdo, a vu quatre auteurs sélectionnés pour le prix de la Toison d’Or du livre d’aventure partager avec le public leurs expériences et leurs apprentissages, et échanger autour de leur rapport au mouvement et de leurs motivations pour partir en expédition. 

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Photo LES ÉCRANS DE L'AVENTURE

Quand Morgan Ségui (Cinq jours au Timor, Premier parallèle) s’est raconté comme incapable de rester en place, Pierre-Antoine Guillotel (Island, Transboréal) a lui évoqué sa fascination pour le Grand Nord. Macha Séry (Sur le mur d’Hadrien, Stock) a mis en avant l’attrait historique, botanique, politique et archéologique qu’a exercé sur elle l’ancien mur romain, et Antoine de Suremain (Marche au Désert, Salvador) a lui fait part de son amour inconditionnel pour le patrimoine naturel français et les aventures qu’il offre. 

Morgan Segui et Pierre-Antoine Guillotel récompensés 

Ce sont justement deux de ces derniers auteurs qui se sont vus remettre les récompenses littéraires du salon. Morgan Segui, auteur de Cinq jours au Timor (Premier parallèle) est devenu le lauréat du prix de la Toison d’or du livre d’aventure de l’année 2024. Dans cet intense récit de survie, l’auteur, alors installé au Timor-Leste, entre l’Australie et l’Indonésie, raconte son ascension du Manucoco, montagne sacrée située sur une île au large de la capitale.

Alors qu’il en termine l’ascension, le sol se dérobe, il chute de sept mètres sur un versant qui en fait 40. Morgan passe trois jours et trois nuits au sol, immobile, le crâne à nu, les os fracturés, sans eau, sans vivre, sans contact. S'ensuit alors une épreuve de survie au milieu de la jungle, qui a fasciné le jury comme le public dijonnais pendant tout le festival. 

À noter que, côté livre, le jury était cette année présidé par Sébastien de Courtois et composé de Katia Fondecave, Gaële de la Brosse, Virginie Troussier, Arnaud de la Grange et Rémy Oudghiri.

3 000 km de marche éprouvante

Autre prix littéraire remis sur le festival ce week-end, celui du prix des lecteurs de la Bibliothèque municipale de Dijon, remis à Pierre-Antoine Guillotel pour Island, l’appel du 66° Nord publié en juin dernier par Transboréal. En 2020, ce jeune breton qui a autant travaillé dans la finance qu’en tant qu’ostréiculteur ou marin pêcheur en Australie, s’était lancé dans un grand tour de l’Islande à pied et en solitaire.

S’en suit le récit d’une boucle de 3 000 kilomètres d’une marche éprouvante, de glaciers en déserts sombres, de marécages en volcans. Un périple de 144 jours durant lesquels il a côtoyé renards arctiques, rennes et lagopèdes, subi les affronts du blizzard et expérimenté le grand froid des Hautes Terres. Une aventure exceptionnelle qui se fond au milieu des dizaines d’autres évoquées pendant le festival, et qui ont fait de Dijon, pendant quelques jours, la capitale mondiale de l’aventure. 

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Pierre-Antoine Guillotel, lauréat du prix des lecteurs de la Bibliothèque municipale de Dijon- Photo LES ÉCRANS DE L'AVENTURE

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