"En plus de la TVA et de la crise, nous n'avions pas besoin de ce souci supplémentaire." Laurent Layet, codirigeant du Brouillon de culture à Caen est désappointé lorsqu'il regarde les chiffres de son rayon scolaire : - 27 % cette année. "Le marché du manuel scolaire pour les lycées régionaux est en train de nous échapper », constate le libraire qui incrimine "le détournement de la politique mise en place par la Région pour ce secteur ».
En Basse-Normandie, les lycéens bénéficient depuis 2004, pour l'achat ou la location de leurs manuels scolaires, d'une carte-livre, délivrée par le conseil régional. Utilisable dans les librairies, son montant varie de 25 à 75 euros. "L'objectif était de contribuer ainsi à préserver le tissu local des librairies indépendantes », souligne Laurent Layet, qui s'occupe du dossier au sein de l'Association des libraires bas-normands. Mais depuis plusieurs années, l'Association rotarienne des bibliothèques scolaires (ARBS), installée à Marcq-en-Baroeul (59), chasse sur les terres des libraires en proposant aux établissements, privés et publics, la signature d'une convention qui offre aux élèves la location de l'ensemble des manuels contre l'encaissement de la valeur de leur carte-livre. Depuis que l'un des plus gros lycées de la région a adopté cette convention, avec le vote favorable du représentant du conseil régional, les libraires s'interrogent sur la position de la Région et craignent que l'ARBS ne parvienne à "capter la totalité du marché, nuisant ainsi considérablement à l'économie locale du livre".
