Une vie nordique. Depuis la fin des années 1980, Édith promène sa plume tendre et discrète dans le monde de l'illustration et de la bande dessinée. Avec Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux, qui paraît aux éditions Oxymore (la nouvelle maison de Mourad Boudjellal, fondateur des éditions Soleil), elle est pour la première fois seule aux manettes d'une bande dessinée, réalisant à la fois le scénario et le dessin.
Dans un bref prologue, Édith raconte comment lui est venue cette histoire au titre singulier : lors d'une visite chez une magnétiseuse, celle-ci lui révèle qu'elle aurait été dans une vie antérieure ce drôle de Suédois à la fin tragique. Elle n'en saura pas plus mais ce sera le point de départ d'une histoire dont elle va combler les blancs, inventant un récit entre conte initiatique et saga nordique. Édith construit pas à pas la destinée de son héros depuis son enfance pauvre et monotone. Vivant avec sa mère et sa tante, le petit garçon se distrait en lisant inlassablement le seul livre de la maison, un ouvrage de cuisine. Pas même adolescent, il doit gagner sa vie et embarque sur un navire avec des pêcheurs dont la compagnie le fera grandir un peu trop vite. Commence alors sa carrière de séducteur. Là, Édith esquive les clichés et tord subtilement son point de départ : non seulement elle évoque cette « carrière » de façon assez élusive, mais elle présente son héros moins comme un Don Juan que comme un cœur d'artichaut. C'est d'ailleurs une peine de cœur qui l'emmènera loin de la Suède et lui fera découvrir d'autres horizons.
Cette existence finalement ordinaire, parsemée de joies, de déceptions, de malentendus, Édith la raconte avec finesse et une grande tendresse pour ses personnages. En filigrane, elle dépeint la dureté des conditions de vie de ses héros mais aussi leurs croyances (à travers le personnage d'une vieille guérisseuse), leurs moments de communion. Surtout, son dessin doux et expressif à la fois est en parfaite harmonie avec le récit. La beauté dénudée des paysages suédois, les atmosphères crépusculaires, les costumes traditionnels, les fêtes champêtres sont sublimés par des tons passés qui rappellent les ambiances des aquarelles du peintre Carl Larsson. Quant à la fin de son héros, on la connaît dès le titre mais dans sa malice, l'autrice nous réserve une surprise...
Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux
Oxymore
Tirage: 13 000 ex.
Prix: 20,95 € ; 112 p.
ISBN: 9782385610135