L'écrivain guatémaltèque Eduardo Halfon remporte le prix Berman 2024 pour son roman Canción, traduit en français par David Fauquemberg aux éditions La Table Ronde (2021). Il recevra sa distinction, dotée d’un chèque de 750 000 couronnes (environ 64 000 euros), lors d’une cérémonie de remise prévue à Stockholm, le 22 octobre prochain. Son prochain titre, Tarentule, paraîtra le 12 septembre, après une première édition en Espagne début juin.
« Canción d'Eduardo Halfon est une riche représentation de la façon dont les vies sont façonnées par différentes couches d'identité, comment le hasard et la violence affectent les gens, indépendamment de leur langue ou de leur culture », a déclaré Daniel Pedersen, président du jury du prix. L’ensemble des jurés a également tenu à saluer un roman qui « avec un sens inimitable du style et une narration auto-fictionnelle, impressionniste, dissout toutes les frontières entre identité et masque, patrie et diaspora, passé et présent ». Dans son récit, l’écrivain raconte, lors d’un congrès d’écrivains à Tokyo, comment, un matin de janvier 1967, son grand-père est enlevé par Canción, un guérillo.
Destiné à l’écriture
Né en 1971 au Guatemala, Eduardo Halfon déménage aux États-Unis avec sa famille lorsqu’il n’a que 10 ans. Après des études en ingénierie industrielle, il se réoriente vers la littérature et finit professeur de lettres au Guatemala. En 2003, il publie son premier roman, Saturne (trad. de Françoise Garnier, Saint-Nazaire), mais c’est avec La Pirouette (trad. par Albert Bensoussan, Quai Voltaire) que l’auteur gagne en visibilité, et obtient le prix José Maria de Pereda du court roman.
En France, il reçoit le prix Roger-Callois de littérature latino-américaine en 2015, suivi, trois ans plus tard, du meilleur livre étranger pour Deuils (Quai Voltaire, trad. de David Fauquemberg). La même année, il remporte le prix national de littérature Miguel Angel Asturia, plus haute distinction littéraire au Guatemala. Aujourd’hui, l’écrivain multiprimé, dont les œuvres sont traduites dans une quinzaine de langues, vit à Paris.
Remis depuis 2020, le prix Berman récompense des œuvres « dans l'esprit de la tradition juive ». Les lauréats précédents sont David Grossman (2021), Péter Nádas (2022) et Maria Stepano.
Les membres du jury sont Daniel Pedersen, Ingrid Elam, Hanna Nordenhök, Na'ama Rokem, Kaj Schueler et Thomas Steinfeld.