Éric Zemmour réclame trois millions d'euros de dommages et intérêts à son ancien éditeur Albin Michel pour rupture abusive de contrat, à l'occasion d'un procès qui s'est tenu mercredi 31 mai.
Albin Michel avait renoncé, par un courrier de juin 2021, à publier un sixième livre du polémiste, La France n'a pas dit son dernier mot, après en avoir édité cinq autres. La maison d'édition avait invoqué l'intention de l'auteur de « devenir un homme politique » et « faire de son prochain livre un élément clé de sa candidature » à la présidentielle de 2022. Éric Zemmour, via sa société, la SARL Rubempré, a porté l'affaire devant le tribunal judiciaire de Paris. Il n'était pas à l'audience.
« Résiliation illégale »
« Albin Michel fait une résiliation unilatérale » d'un contrat d'édition signé en 2015, et cette « résiliation est illégale », a affirmé devant le tribunal Arnaud de Senilhes, l'avocat du fondateur du parti d'extrême droite Reconquête.
Il a aussi dénoncé « une censure politique ». « Privé d'éditeur, il était impossible de trouver un éditeur dans les temps impartis pour sortir ce livre à la date à laquelle il tenait, en septembre 2021, a-t-il souligné. On a été obligé de s'inventer comme éditeur. » Me de Senilhes a relevé que s'il avait été édité par Albin Michel, le livre « n'aurait pas compté une faute d'orthographe dès la première page », ce qui « a suscité des dizaines d'articles ».
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La maison d'édition fait valoir le non-respect par M. Zemmour des délais contractuels, à savoir de remettre un manuscrit en 2019. Or au printemps 2021, alors qu'aucun début de manuscrit n'a été transmis, « tout à coup M. Zemmour nous dit : ça va être un livre de campagne », a expliqué l'avocat d'Albin Michel, Christophe Bigot.
« M. Zemmour ne peut pas imposer ça à son éditeur, alors que le délai contractuel de remise est expiré (...) Les éditions Albin Michel répondent : non, on n'est pas intéressés par ça », a-t-il ajouté.
Pour Albin Michel, « tout cela a été téléguidé », M. Zemmour préférant s'auto-éditer car « il voit tout le potentiel de son livre ». L'ouvrage s'est vendu à 272 000 exemplaires en 2021. Albin Michel estime qu'au lieu de gagner un million d'euros avec cette maison, en vendant 300 000 exemplaires, l'auteur a empoché « à peu près » le double en le faisant paraître aux éditions Rubempré.
Le jugement a été mis en délibéré au 25 octobre.