21 avril > BD Belgique > Peyo

Contrairement à celles de l’essentiel des héros de la bande dessinée franco-belge des années 1950 et 60, les aventures de Benoît Brisefer n’avaient pas encore fait l’objet d’une réédition en intégrale. Il est vrai que, près de soixante ans après la création, à partir de décembre 1960 dans le journal Spirou, de ce petit héros à la force herculéenne, l’atmosphère du bourg de Vivejoie-la-Grande où il évolue peut paraître un peu surannée aux jeunes lecteurs. Pourtant, après avoir lancé sa série matrice, Johan et Pirlouit, et y avoir fait apparaître ses fameux Schtroumpfs, qui connaîtront plus tard la trajectoire propre et le succès que l’on sait, Peyo (1928-1992) a parfaitement réussi en son temps à incarner avec Benoît Brisefer les aspirations des petits garçons (pour les filles, c’est autre chose : la révolution féministe ne touchait pas encore la BD) à la puissance et à la liberté. Il relevait aussi avec finesse leur souffrance d’être souvent incompris des adultes.

Comme le rappelle Patrick Gaumer en introduction, Peyo, qui avouait "ne pas être un grand fan de BD américaine", a "sans s’en douter", "inscrit son Benoît Brisefer dans cette nouvelle tendance de super-héros faillibles" alors à l’œuvre aux Etats-Unis. En l’occurrence, le garçon a beau être doté d’une force illimitée, il perd tous ses moyens lorsqu’il est enrhumé, ce qui lui arrive une fois par histoire.

Héros positif et libre - on ne voit jamais ses parents ; seul un vieux chauffeur de taxi, Monsieur Dussiflard, lui sert de partenaire -, aspirant à faire le bien, Benoît Brisefer fait des bêtises comme tous les enfants, sa force physique le conduisant souvent à quelques excès. Il pratique aussi la transgression, les entorses aux règles pour réaliser ses objectifs : nul n’est parfait, et Peyo contribue avec humour à déculpabiliser ses jeunes lecteurs. Dans les trois premières histoires - Les taxis rouges, Madame Adolphine et Les douze travaux de Benoît Brisefer, certainement le plus ambitieux - composant le premier volume de l’intégrale qui en comptera cinq, le héros aux prises avec des méchants ne lésine pas sur les arbres arrachés, les grilles tordues, les portes (blindées) cassées. Mais c’est pour la bonne cause, et on rit. Fabrice Piault

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