2 octobre > Album jeunesse France

Davide Cali- Photo GIANNI ASALDI/SARBACANE

Rien de tel que les histoires au bord du lit pour faire rêver les enfants. Et ce n’est pas le petit narrateur de cet album qui dira le contraire ! Il faut dire que question histoires, c’est un sacré veinard : son père est… pirate. Toujours à courir les océans. Mais l’été quand il revient, il sent la mer et le sable chaud et déverse à l’oreille du fiston un ressac d’histoires d’îles au trésor. Pas piqué des hannetons, l’équipage dont il est flanqué ! Jugez plutôt : il y a là le Tatoué, que sa fiancée a délaissé parce qu’il n’a pas voulu enlever les dessins qui couvraient son corps, Riquiqui qui a rencontré le diable et lui a demandé s’il n’avait pas cent balles, Figaro qui a raté la coupe de cheveux du roi et depuis pleure comme un bébé les nuits de pleine lune… Le nom de leur navire ? L’Espoir. L’espoir de quoi ? demande le petit garçon. La réponse paternelle est invariable : l’espoir de revenir à la maison. Mais l’année de ses neuf ans, surprise : le papa pirate ne revient pas. La mère et le petit garçon prennent alors le train et se retrouvent dans un pays étranger qui a un drôle de nom : Belgique.

Dans ce nouveau pays, tous les rêves de l’enfant s’écroulent comme un château de cartes. Pendant toutes ces années, son père est bien parti au charbon, mais au sens propre ! Pas sur les mers, mais dans les mines, et les compagnons pirates ne sont tout noirs que parce qu’ils sont recouverts du précieux minerai. Mais la mine peut engloutir autant de vies que la mer, et le courage que demandent les boyaux de la terre est aussi grand que celui qu’exigent les océans. Passé le premier dépit, le petit garçon pardonne son mensonge à son père qui, certes, n’est pas un pirate, mais un héros, un vrai…

Un hommage poignant à tous les mineurs transalpins, servi par deux Italiens de grand talent. A la plume, Davide Cali, qui a déjà raflé un Baobab en 2005 pour Moi, j’attends, et au dessin, Maurizio A.C. Quarello, trentenaire plusieurs fois récompensé lui aussi et qui a nimbé l’album de belles teintes ocre, reflet probable de l’or du trésor imaginaire du père…

Fabienne Jacob

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