Quatre mois après le début des manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes », le bilan est lourd pour de nombreuses librairies. A Paris, Fontaine Haussmann vient seulement de retrouver la lumière naturelle après la réparation de sa vitrine démolie le 8 décembre. Son activité, "en baisse de 6 % depuis novembre et de 25 % les samedis,commence à retrouver un rythme plus normal mais l'ambiance du samedi a changé, le petit plaisir de flânerie en librairie a disparu", observe son gérant, Philippe Aubier.
A Bordeaux, les librairies du centre-ville accusent des baisses de 10 à 30 % tous les samedis depuis novembre. Un impact toutefois atténué par des reports d'achats sur les jours de la semaine. A La Machine à lire, Hélène des Ligneris a « modifié, sans les alléger, les plannings de travail ». La librairie Mollat, où l'activité affiche une baisse moyenne de 19 % les samedis, est désormais ouverte tous les dimanches comme le lui permet sa situation en zone touristique. « A défaut du samedi, les clients peuvent venir le dimanche, résume Denis Mollat. Ce jour là, la librairie fonctionne avec deux titulaires et des emplois étudiants : son slogan est "le dimanche, le libraire chez Mollat, c'est vous !". »
A Toulouse, également très touchée par les manifestations, Gibert Joseph se voit obligé de fermer tous les samedis à partir de 15 heures et Privat accuse des chutes de 40 % ce jour-là. Chez Ombres blanches, Emmanuelle Sicard enregistre des replis de 20 % le samedi, mais pointe « des changements des habitudes d'achats avec un lissage sur la semaine et une montée en puissance du vendredi, du moins pour la clientèle de centre-ville. Celle de périphérie risque de prendre des habitudes ailleurs, notamment dans les centres commerciaux ou sur Internet. »
En fonction de leur situation géographique, tous les commerces ne sont pas exposés de la même façon. En témoigne Philippe Touron, directeur des librairies parisiennes du groupe Madrigall : si Delamain (1er) et la librairie Gallimard (7e) sont pénalisées, Le Divan (15e) et la Librairie de Paris (17e)se portent bien et conservent leur clientèle locale le samedi.