Entre 1749 et 1788, Buffon publie son Histoire naturelle, générale et particulière. C’est, mutatis mutandis une nouvelle "histoire naturelle" qui, sous la houlette de Patrick Jean-Baptiste, paraît ces jours-ci sous forme de "dictionnaire universel", mais "une histoire naturelle des êtres surnaturels", selon le mot du maître d’œuvre rompu aux neurosciences et passionné d’archéologie. Travail collectif et fruit de quelque neuf années d’effort, ce Dictionnaire universel des dieux, déesses et démons emprunte aux naturalistes la méthode de la taxonomie. Les entrées comportent un descriptif "physiologique" - les représentations du dieu -, une "géolocalisation" étayée par des cartes en infographie, et dépeignent l’évolution de l’origine à nos jours, le cas échéant. Ainsi sont classées les divinités du monde entier. Car si la mythologie de l’Antiquité gréco-romaine ou le panthéon hindou ont eu droit à leurs encyclopédies, rare fut l’attention portée sur la cosmogonie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou celle des Dogons. Voilà l’européocentrisme corrigé, et lesdites grandes civilisations extra-européennes (Chine, Inde, Moyen-Orient) - celles qui ont fasciné l’Europe - également descendues de leur piédestal, le fait religieux est ici traité de manière quasi démocratique. Jésus, puisqu’il s’agit d’un être surnaturel, se retrouve sur un pied d’égalité avec John Frum, le "prophète" qui annonça en 1939 l’arrivée des Américains dans le Pacifique au peuple de l’île Tanna appartenant à l’archipel de Vanuatu. S. J. R.
L’ouvrage est aussi proposé sous coffret "de luxe" au prix de 160 euros, ISBN : 978-2-02-098048-7.
