Au cœur de sa propriété protégée par les sublimes falaises des Cornouailles, à proximité d'un sous-marin allemand ayant sombré durant la Première Guerre mondiale, c'est un grand reportage de 20 minutes, "La vérité selon John le Carré", consacré à l'auteur que proposera l'émission. Il y montre notamment sa petite annexe où sont entreposés ses manuscrits en attendant qu'ils migrent à la Bibliothèque Boyen de l'Université d'Oxford, qui n'a pas encore la place pour les stocker.
L'écrivain évoquera de nombreux sujets, à commencer par son entrée dans les services secrets, où il resta 14 ans ("Je n'étais pas un très bon espion") et par son rôle d'espion à Bonn puis Berlin, "pour la construction du mur". "J'ai commencé à penser que nos provocations, nos manipulations, l'immense énergie déployée dans l'anticommunisme, c'était nous qui étions en fait en train de créer l'ennemi que nous voulions avoir" analyse-t-il.
Master class
Passionné de géopolitique, il parlera de l'Europe, "plus importante que la patrie", d'Emmanuel Macron et surtout de Donald Trump et de son rapport à la Russie, au nationalisme et aux autocraties, et de son "envie d'être président à vie comme Poutine".
John le Carré reviendra sur son passé – son père "délinquant" et sa mère partie lorsqu'il avait cinq ans –, et sur ses obsessions: la certitude que les femmes partent, l’immense méfiance et la peur d’être abandonné, la trahison, thèmes omniprésents dans toute son œuvre.
"J'écris uniquement au stylo. La journée débute toujours par une page vierge" confie-t-il. L'auteur expliquera son rapport à la littérature ainsi que le rôle et la responsabilité de l'écrivain. Pour lui "l’espionnage et la littérature sont liés et il tresse les correspondances. Les mécanismes de manipulations sont une boîte à outil pour réfléchir sur les possibilités de la nature humaine" précise le communiqué. Il livre une master class sur son style et l'écriture.
"Pourquoi est-ce que je veux raconter des histoires aux gens? Peut-être parce que je suis terrifié par la vérité..." avoue l'écrivain.
Et justement, "Toute vérité est-elle bonne à dire?". Il s'agira du thème de "La Grande Librairie" ce jeudi 12 avril, qui accueillera par ailleurs Pierre Arditi, Michel Onfray, Régis Jauffret et Nathalie Heinich.