Karen McManus était en en France du 7 au 11 mars pour la sortie de Qui tue ?, dernier tome de sa trilogie jeunesse à succès Qui ment ?. Traduite en 42 langues à travers le monde, l’autrice américaine est un poids lourd du segment young adult. Dans l’Hexagone, son éditeur Nathan a vendu plus de 180 000 exemplaires de ses cinq premiers romans, dont 84 000 pour Qui ment ?. Tiré à 22 000 unités, Qui tue ? a paru le 7 mars et Nathan annonce d’ores et déjà la publication en 2025 de Nothing more to tell, roman autonome paru en 2022 aux États-Unis.
Pendant son séjour, Karen McManus a animé une masterclass d’écriture auprès de 90 personnes (des lecteurs du Bookclub de Babelio, des journalistes, influenceurs, libraires et bibliothécaires), avant de participer à plusieurs séances de dédicaces en librairie. Pour Livres Hebdo, elle est aussi revenue sur son parcours d’autrice et sur ses projets.
Livres Hebdo : Après le succès de Qui ment ? et de Qui meurt ?, vous bouclez votre trilogie avec Qui tue ?, dans lequel un nouveau jeu mortel frappe les lycéens de Bayview. Comment avez-vous élaboré cette nouvelle histoire ?
Karen McManus : L’idée de Qui tue ? m’est venue d’une sous-intrigue du tome 1 que j’avais dû retirer car mon éditeur trouvait qu’elle s’écartait trop de l’intrigue principale. Comme elle permettait de comprendre les motivations de l’un des personnages principaux, je pensais depuis longtemps à reprendre ce fil dans une autre histoire.
Qui ment ? était initialement un livre autonome. Doit-on s’attendre à de nouveaux développements dans l’univers de Bayview maintenant que la trilogie est achevée ?
J’ai expliqué que j’en avais terminé avec Qui ment ? mais personne ne me croit car je l’ai déjà dit à deux reprises et à chaque fois j’ai publié un nouveau livre ! Il se trouve néanmoins que Qui tue ? est le livre avec la fin la moins ouverte que j’aie jamais écrite. Les lecteurs savent ce que deviennent les personnages. Après, il ne faut jamais dire jamais...
Vous avez rencontré le succès dès Qui ment ?, qui était votre premier livre. Comment l’expliquez-vous ?
Je pense bien sûr que Qui ment ? est un bon livre, mais il a aussi eu la chance d’arriver à un moment où il n’y avait pas beaucoup de thrillers pour la jeunesse alors même que des séries télévisées comme Pretty little liars ou Riverdale étaient très suivies à l’époque. Toutes les conditions étaient réunies au bon moment, sans parler du travail exceptionnel mené par mon éditeur.
Vous êtes spécialisée dans les thrillers young adult. Comment parle-t-on de meurtres quand on s’adresse à de jeunes lecteurs ?
Quand j’étais adolescente, je lisais des livres qui n’étaient pas de mon âge comme ceux de Stephen King ou Mary Higgins Clark. Ils me permettaient d’assouvir mon intérêt pour ces sujets avec des crimes, du suspense tout en répondant un peu aux angoisses que je pouvais éprouver. Toutefois, je ne pouvais pas réellement m’identifier aux personnages, qui étaient tous des adultes. Je me suis donc mise à écrire les livres que j’aurais aimé lire à l’époque, avec une atmosphère sombre, mais aussi riche d’espoir et mettant l’accent sur les relations entre personnages. Je voulais une dose de romance et des adolescents qui apprennent à être eux-mêmes et à s’accepter.
"Je souhaite m’impliquer dans l’adaptation de mon prochain livre"
Quels rapports entretenez-vous avec vos lecteurs ?
Mes lecteurs me disent qu’ils s’identifient beaucoup à mes personnages et qu’ils ont l’impression de faire partie du groupe d’amis que je décris. Le sentiment d’appartenance est une chose que j’essaie de développer dans mes livres car c’est important pour les adolescents. Cet aspect réaliste plaît, les lecteurs veulent savoir ce que les personnages deviennent. Par exemple, on me demande beaucoup si Nate va devenir un bon père.
Outre la trilogie Qui ment ?, vous êtes également l’autrice de plusieurs romans autonomes, également publiés chez Nathan en France. Y a-t-il un fil conducteur dans votre œuvre ?
J’écris toujours des thrillers. Il y a cette part de mystère dans tous mes livres. J’ai aussi pour caractéristique de beaucoup travailler sur l’arc de personnages. Ils apprennent à se comprendre eux-mêmes et à saisir ce qui les bloque avant d’être capables de résoudre le mystère, ce qui leur permet d’accomplir à la fin de l’histoire des choses qu’ils auraient estimées inimaginables au début du roman.
Quels sont vos projets ?
Mon huitième livre, Such a charming liar, paraît cet été aux États-Unis. J’en suis aux finitions et je travaille aussi à son adaptation en série TV. Là aussi je n’en suis encore au début, mais c’est une compétence que j’ai envie de développer.
Il est vrai que Qui ment ? a été adapté en série par la plateforme Peacock. Aviez-vous été associée au projet ?
Je n’étais pas impliquée dans l’écriture, mais j’ai eu l’opportunité de lire le script et de faire part de mes retours. J’ai trouvé le résultat divertissant même si les scénaristes ont pris des libertés avec l’histoire. Cela a été une leçon pour moi et c’est pour cette raison que je souhaite m’impliquer dans l’adaptation de mon prochain livre. Il s’agit d’un travail complètement différent et j’apprends beaucoup.