"Aujourd’hui en Hongrie tous les écrivains sont menacés dès qu’ils expriment une opinion librement", écrit dans une lettre Krisztina Tóth. L'auteure hongroise fait face à une campagne de dénigrement dans la presse proche du gouvernement du premier ministre Viktor Orban. Elle est accusée de "cancel culture" après un entretien accordé au Magazine du livre, le 11 février.
Dans cette interview, elle cite certaines oeuvres qui ne devraient pas figurer dans le programme scolaire. Selon elle, la représentation de la femme y est stéréotypée et ne devrait pas être un modèle à donner aux élèves. Parmi ces oeuvres, L'homme d’or de Mór Jókai et Le mouton Balthazar de Magda Szabó.
L'auteure avait déclaré :"L’homme d’or de Jókai. Non pas d’abord parce qu’il est difficile à lire et décourage les étudiants, mais à cause de sa représentation des figures féminines. Que savons-nous d’elles en effet ? Tímea n'aime pas son mari, mais le sert docilement. Elle tient la maison en ordre, et assume les affaires commerciales de l’homme, quand il est loin. [...] J'ai un problème comparable avec le Mouton Balthazar recommandé aux petits. J'énumère les qualités de Borbála : modeste, discrète, soigneuse. Elle met toujours la soupe à chauffer devant son maître. Elle tient la maison en ordre, et dès qu'elle a un peu de temps, court au salon de coiffure. Elle ne s'assoit jamais. Elle a des doigts de fée, c'est-à-dire qu'elle cuisine toujours de bons petits plats. Bertalan, le père, en revanche est farouche et laconique..."
Une vague de soutien
"Les éditions Gallimard apportent leur soutien à Krisztina Toth, autrice et traductrice hongroise, victime d’une violente campagne de presse dans son pays", a réagi la maison d'édition chez qui l'auteure a publié en 2014 Code-Barres. Dans ce roman, elle narre la vie d'une jeune femme en quinze traits marquants qui sont autant de lignes formant le code-barres de son existence, de l'enfance à l'âge adulte. Son traducteur français Guillaume Métayer a publié une tribune dans Mediapart, suivie d'une seconde tribune paru dans Libération le 12 mars par Gwenaëlle Aubry et Nina Yargekov.
En Hongrie, une vague de soutien a émergé avec le mot-dièse #olvasstóthkrisztinát qui signifie "lis Krisztina Tóth". Le 24 février, l'auteure se dit aujourd'hui "en détresse" dans une lettre en réponse à ses détracteurs et relayée par ses proches.
Krisztina Tóth attaquée pour avoir critiqué le sexisme de certains livres
Krisztina Tóth fait face à une campagne de dénigrement dans la presse hongroise après un entretien accordé au Magazine du livre, le 11 février. Dans cette interview, elle cite certaines oeuvres qui ne devraient pas figurer dans le programme scolaire en raison de leur représentation stéréotypée de la femme.