14 novembre > Histoire Italie > Chiara Frugoni

Au Moyen Age, tout se passe dans la chambre à coucher. C’est souvent la seule pièce chauffée. On y naît, on y dort, on y reçoit, on y étudie, on y aime, on y souffre, on y meurt et on y rend même la justice si on est roi. C’est donc sur cette chambre à tout faire que Chiara Frugoni ouvre son Vivre en famille au Moyen Age. Le propos est volontairement simple et accessible au grand public. En tissant textes et images, par la critique des premiers et l’observation scrupuleuse des secondes jusque dans les détails les plus pittoresques, l’historienne italienne a voulu raconter "comment vivaient les hommes, les femmes (mères de famille ou religieuses) et surtout les enfants" à l’époque médiévale.

Cette grande médiéviste qui a enseigné à l’université de Pise et de Rome et à qui l’on doit Le Moyen Age sur le bout du nez (Les Belles Lettres, 2011) et Une journée au Moyen Age (Les Belles Lettres, 2013) révèle les âges de la vie avec beaucoup d’élégance, non sans humour, et toujours avec une impeccable précision. Elle explique par exemple qu’on langeait jusqu’au supplice les enfants parce qu’on craignait que leurs os se déforment. Ce qui n’excluait pas quelques sévices par la suite…

Les superstitions, Dieu et bien évidemment le diable s’invitent souvent dans ces scènes domestiques. "Après l’accouchement, la mère est considérée impure pendant quarante jours et ne peut pas avoir de rapport sexuel. Le mari dormait alors, pas exactement à ses côtés mais dans le sens opposé."

En suivant les différentes étapes de l’enfance, Chiara Frugoni révèle les nombreux cas d’abandons, les bouillies fatales, les déambulateurs qui apprennent à marcher, les mauvaises rencontres dans les rues où errent chiens, loups et maniaques, les maîtres qui enseignent au fouet et les jeux qui s’adressent aux filles tandis que les jouets vont aux garçons.

L’historienne raconte aussi comment un certain Maître Grégoire, une sorte de routard britannique et laïc avant l’heure, écrivit au XIIIe siècle un curieux Narratio de mirabilibus Urbis Romae qui s’avère être le premier guide médiéval de Rome sans les églises. Bref, c’est vivant, érudit et coloré. L. L.

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