1er février > Roman France > Marc Villard

Les lecteurs fidèles de Marc Villard s’en souviennent, Bird, le saxophoniste de jazz devenu clochard, est mort en 2008 dans Bird (Joëlle Losfeld), le roman qui lui était consacré. L’auteur récidive aujourd’hui, chez le même éditeur, amorçant ainsi une saga au rythme lent, avec Les biffins, dont l’héroïne et narratrice n’est autre que Cécile, la fille de Bird. Agée de 27 ans, rescapée d’un AVC, c’est un sacré caractère, qui a choisi de travailler pour le Samu social, par vocation.

Mais elle fatigue et a décidé de se trouver quelque chose de plus tranquille. Avec l’association Opaline, elle veille à la quiétude des puces de Saint-Ouen, tout près de chez elle. Cécile est censée s’assurer que chacun des "biffins", les petits marchands de rue, est bien à sa place, et que des vendeurs clandestins ne viennent pas mettre la pagaille.

En fait de "tranquillité", elle tombe dans un univers plus glauque encore que le précédent, où on s’étripe pour quelques euros, une basket ou un bout de trottoir. Ainsi, qui a tué Samouraï, le vieux Malien, retrouvé dans les anciens entrepôts de la Sernam ? Il est mort d’une overdose (provoquée ?)et il avait le sida. Serait-ce son fils, Julien, afin de venger sa mère, Nadia, morte elle aussi de cette terrible maladie ? Cécile mène l’enquête en off, entre deux airs de jazz (l’hérédité) et deux couscous arrosés à la bière. Mais, au fond, elle regrette ses maraudes du Samu.

Tout cela est embrouillé à souhait, rythmé comme à la batterie, et noir. On plonge au cœur de toute la misère du monde, toute proche, à nos portes, vue par un écrivain sensible et talentueux. J.-C. P.

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