Des chaînes de télévision allemandes, britanniques, norvégiennes, hollandaises et sud-américaines ont acheté les droits pour diffuser au printemps prochain la première saison de Gomorra - la série, inspirée du bestseller de Roberto Saviano, Gomorra, dans l'empire de la camorra (Gallimard, 2007), relate le site web du quotidien italien La Repubblica, le 7 octobre. Un groupe français serait aussi en négociation pour acquérir les droits de diffusion de cette série sur la mafia napolitaine.

Présentée au MIPCOM, le marché international pour la vente des droits télévisés qui se déroule à Cannes du 7 au 10 octobre, la série, produite par Sky Italia, a été réalisée avec des partenaires internationaux. Un avantage pour réussir à s’exporter au-delà du marché national, un fait rare pour une série italienne. D’ailleurs, les douze épisodes de la première saison ont été dirigés par Stefano Sollima, déjà réalisateur de Romanzo Criminale, une autre série sur la criminalité italienne qui avait été exportée dans 60 pays.

Le livre du journaliste Roberto Saviano, traduit dans 53 pays, a déjà inspiré un film éponyme, réalisé par Matteo Garrone en 2008. Mais cette fois-ci l’écrivain a participé à l’écriture de la série, qui se base selon lui sur des événements réels, comme les conversations téléphoniques entre mafieux. «J’espère que ces histoires pourront arriver le plus loin possible et faire comprendre qu’une série, un livre, un opéra, peuvent vraiment changer le cours des choses, et que quand cela déclenche de l’empathie, tout le monde est concerné par ce problème et doit chercher des solutions», a souligné Roberto Saviano.

«Gomorra-la série est née avec le but de montrer combien la camorra est un pouvoir international.», explique-t-il. «Désormais les mafias italiennes sont des organismes qui ne se limitent pas à agir en Italie mais sont souvent plus fortes à l’étranger grâce aux blanchiments et aux investissements. Le contrôle militaire du territoire se fait dans le sud de l’Italie, mais l’investissement dans le territoire provient du monde entier». En avril dernier, il avait publié Zéro Zéro Zéro, un ouvrage sur le narco-capitalisme paru en Italie aux éditions Feltrinelli.

Depuis son succès international, le journaliste napolitain vit sous protection policière permanente. Devant le tribunal de Naples le 7 octobre, alors qu’il comparaissait dans un procès contre deux chefs de la mafia napolitaine, accusés de l'avoir menacé, il a affirmé: «J'imagine que ma vie ne pourrait être libre qu'à l'étranger, dans un pays qui pourrait me donner une autre identité, ce qui me permettrait de recommencer à zéro une nouvelle vie».