Mené à un rythme d’enfer, ce presque thriller sentimental démarre avec la rencontre improbable d’un homme et d’une femme. Lui, Camille, 33 ans, un peu ado attardé, mène une vie déstructurée et libre. Associé avec Nadège, sa meilleure amie, sa confidente, il vend des couteaux à huîtres sur les marchés, sillonnant la France dans un utilitaire. Elle, Merveille, est "de passage en France pour solder des comptes". En l’occurrence avec ses parents, Dlahba, un maçon slave au caractère épouvantable, et Mme Fillolit, une vieille infirme acariâtre et ignoble. Ce sont les voisins de Camille, on n’ose dire ses "amis". Et c’est en venant les voir que Merveille apparaît. "Elle est unique", dit le garçon, sous le charme. Coup de foudre réciproque, en apparence. Au chapitre XVII, l’affaire est faite et Camille plaque tout pour s’installer chez Merveille, en Provence. Où ils filent le parfait amour… brièvement.
Car Merveille est bien mystérieuse, et ne se confie pas aisément à Camille sur son passé. Elle a été mariée, c’est à cause d’elle que ses parents (adoptifs) se sont séparés et se haïssent. Petit à petit, la calomnie, la jalousie vont empoisonner l’esprit de l’amoureux qui va un temps soupçonner son amoureuse d’être une manipulatrice, voire une psychopathe. Seule une enquête personnelle, menée grâce à Nadège, lui permettra de faire toute la lumière sur ce qu’il appelle son "affaire Merveilleuse".
Entré en littérature en 2002 avec Les baltringues, paru au Dilettante, cette pépinière de talents, Ludovic Roubaudi signe ici son septième roman. C’est un écrivain singulier, avec son univers bien à lui, farfelu, tendre, drôle, et, toujours, avec de jolis personnages, le tout servi par un style plein de verve et de trouvailles, en particulier dans les dialogues. Son Camille est formidable, sa Merveille merveilleuse, et "leur" roman épatant. J.-C. P.