Son activité d’éditeur, menée pendant 35 ans, l’amène à rendre visite à "350 libraires par an" pour diffuser ses ouvrages. De quoi observer un "changement dans le commerce du livre": les librairies sont désormais "nombreuses à proposer des livres, bien sûr, mais aussi autre chose", comme du café ou un service de restauration.
"Relax et décontracté"
L'idée germe peu à peu dans l'esprit de Jean-François Manier, si bien qu'en 2013, il déménage les 80000 volumes du fonds de sa maison d'édition pour "créer un lieu relax et décontracté" dans les locaux désormais vides.
Cette aventure, d'abord solitaire, devient familiale avec l'arrivée du fils de Jean-François Manier, Simon, cuisinier de profession, dans l'entreprise. Une association père-fils dans laquelle chaque rôle est bien défini: Simon gère la cuisine, avec le chef et deux apprentis, les vins et les livres neufs, Jean-François s'occupe des expositions et des livres d'occasions. L'objectif est clair. "Aucune activité ne doit prendre le pas sur l'autre", assure Jean-François Manier.
10 000 titres en rayon
Sur une surface de 250 m2, l'ancien éditeur - Cheyne a été cédé en janvier 2017 - propose désormais quelques 10000 titres, tout en faisant attention à ne pas empiéter sur le travail du "libraire du village qui fait très bien son boulot". Il lui a donc été nécessaire "d'inventer autre chose". Autour de cinq thématiques transversales et "décloisonnées", Jean-François Manier fonctionne sans office et propose un "assortiment qui ne ressemble à rien" mais dans lequel les visiteurs aiment "farfouiller". De même, "il y a un tas de bouquins qu'on n'a pas mais on s'en fiche".
Cette formule inédite semble avoir séduit les chalands. Après trois ans d'activité, L'Arbre Vagabond a affiché, fin 2016, un chiffre d'affaire de 250000 €. Le livre en représente 30 %. Son fondateur espère dépasser les 300000 € pour 2017 et "enraciner L'Arbre Vagabond le plus solidement possible". En attendant de voir grandir ce "bébé encore en gestation", il s'est promis d'être son premier client et de "lire tout ce qui n'aura pas été vendu et boire tout ce qui n'aura pas été bu".