Alors que les allées se vidaient au terme de deux journées particulièrement chargées, ce week-end au Salon du livre de Paris, et à la veille de la journée des professionnels, les éditeurs commençaient à dresser, chacun pour son compte, le bilan de la manifestation pour laquelle les organisateurs n'avaient pas encore livré dimanche soir d'estimation de fréquentation.
Selon tous les éditeurs interrogés par Livres Hebdo, le cru 2014 serait un peu en deçà du précédent en terme d'affluence. Chez Albin Michel, on décrit un vendredi "très calme" et une foule plutôt modérée samedi et dimanche. "A 18 heures samedi, les allées étaient quasiment vides !" s'étonne Danielle Boespflug, la responsable du stand. Chez Glénat aussi on déplore un week-end "plus mou" que l'an dernier. "Samedi, vers 16 heures, il y a eu un moment où on n'avait plus de travail", indique un responsable du stand.
Attribué par certain aux élections municipales, et par d'autres au contexte général de l'économie et de la lecture, ce tassement apparent a cependant été compensé par le succès des séances de dédicace. Au Seuil où, après une affluence "énorme" vendredi, le week-end s'est révélé plus mitigé, mais on se réjouit que "le succès d'auteurs comme Edouard Louis ou Marc Lavoine prouve que le livre garde un attrait important". De même sur le stand Grasset où, malgré un bon samedi, le dimanche après-midi n'a pas atteint l'affluence d'avant 2013, "les signatures font la différence", souligne-t-on.
Selon les stands, le chiffre d'affaires est jugé stable ou en léger tassement par rapport à 2013. Si ses chiffres ne sont pas encore définitifs, Xavier Hanna, responsable salons et dédicaces chez Delcourt, prévoit un CA "d'environ 70 000 euros", soit un résultat "plutôt positif", à peu près similaire à celui de l'an dernier. Les pronostics sont analogues chez Grasset et Albin Michel. Certains éditeurs affichent toutefois de meilleures performances, tels Flammarion et sa filiale Casterman, qui prévoient des ventes "plutôt à la hausse", et P.O.L, qui décrit affiche un bilan "meilleur que l'année dernière", tant en termes de ventes que d'affluence.
"On est contents d'y être"
Au-delà des chiffres, les éditeurs sont en tout cas unanimes : le but du Salon est avant tout d'être une formidable vitrine d'exposition pour le livre. "C'est un carrefour pour les libraires, les lecteurs, les professionnels et les journalistes", rappelle-t-on sur le stand Dupuis, où l'on apprécie le succès du corner numérique, qui a attiré "beaucoup d'enfants et de seniors". L'approche est similaire chez Gallimard : "Le salon nous permet de présenter l'intégralité de notre catalogue, mais aussi de rendre hommage à des auteurs", se félicite un responsable du stand.
Evénement culturel et promotionnel plutôt qu'opération commerciale, le Salon du livre est une immense librairie d'où les éditeurs peuvent observer leur lectorat qui, depuis les éditions précédentes, semble constamment s'élargir, sans toutefois changer dans sa composition : un public très large, familial, intergénérationnel. Bon gré mal gré, le Salon reste une interface de premier plan entre public et professionnels. Chez Stock, Charlotte Brossier résume le sentiment de nombre de ses confrères : "On traîne toujours des pieds avant d'y aller, mais au final on est contents d'y être."