Dans son livre-documentaire, Affaires de famille : immersion au sein d'une brigade spéciale (Cherche Midi, 2018), Agnès Naudin avait évoqué des enquêtes en cours. La justice la condamne à six mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction d'exercer son métier pour violation du secret professionnel.

La policière de 39 ans a révélé des éléments de trois enquêtes, notamment ceux d'un viol incestueux, non encore jugé lors de la parution de son ouvrage. Encore capitaine de police en région parisienne, elle y qualifie l'adolescente qui mentait de « garce ». Elle a également mentionné une autre affaire concernant un bébé secoué. « Vous donnez des éléments d'identité du père, l'âge de la nourrice, son statut marital... Vous reprenez à la virgule près des déclarations d'une audition », a fait remarquer la présidente du tribunal, « Pourquoi autant de détails ? ». « J'avais une grande peur de trahir la réalité, de mal interpréter, j'ai voulu être au plus proche », a justifié Agnès Naudin.

Malgré l'accord des personnes impliquées, leur anonymat assuré et la hiérarchie informée de la publication du livre, le parquet a rappelé que la violation du secret professionnel ne dépendait pas de la nature de l'information révélée mais bien de la fonction exercée par la personne qui la reçoit.

Le parquet avait requis l'interdiction définitive d'exercer la profession de fonctionnaire de police et trois mois d'emprisonnement avec sursis. « Madame Naudin ne semble pas avoir compris l'intérêt du secret professionnel [...]. Si on remet Madame Naudin en service, elle peut encore écrire sur des affaires en cours », a déclaré le procureur. Agnès Naudin n'a pas souhaité réagir lundi 15 mai à l'issue de son procès.