Ce dernier polar de la série consacrée par Walter Mosley à son privé new-yorkais Leonid McGill est un concentré de ce qui fait son originalité. L’intrigue est complexe, embrouillée et n’a, au fond, guère d’intérêt, ni la plupart des personnages secondaires qui apparaissent à chaque instant, et dont on finit par oublier les noms. Ce sur quoi repose toute l’aventure, c’est le héros, Léonid, un homme à la conscience bien chargée, avec pas mal de trahisons, de crimes, d’infidélités à son passif, ainsi que sa petite tribu : Katrina, son épouse, infidèle elle aussi, alcoolique et dépressive, à laquelle l’unit encore un lien très fort, bien qu’il soit amoureux d’Aura, avec qui il dit vouloir finir sa vie ; et leurs trois enfants : Dimitri, leur fils légitime, et Twill et Shelly, que Katrina a eus "toute seule", mais que Leonid aime du même amour. Twill, notamment, son chouchou, qu’il a embauché à son agence pour éviter qu’il ne devienne un voyou !
Quand il ne s’occupe pas des siens, Leonid tente de résoudre des affaires. Ainsi, après la libération de prison d’une certaine Zella, meurtrière par jalousie mais innocente de la complicité du braquage de 58 millions de dollars dont on l’accusait, il essaie de la blanchir, et de démasquer les vrais coupables. D’autant qu’il est responsable de toute l’histoire. A la fois boxeur (spécialité "contreur") et bouddhiste, dangereux et compatissant, bourrelé de remords, intello noir porté à l’autoflagellation, Leonid est un sacré personnage. On le regrette déjà. J.-C. P.