18 mai > Biographie France > Marie Ottavi

Ce garçon était un diable. De lui, Karl Lagerfeld, dont il fut le grand amour, dit : "C’était le diable fait homme avec une tête de Garbo. Il s’habillait comme personne avant tout le monde. C’est la personne qui m’amusait le plus, il était mon opposé. Il était aussi impossible, odieux. Il était parfait." Cet homme s’appelait Jacques de Bascher (1951-1989).

A la lecture de Jacques de Bascher, dandy de l’ombre, la biographie que lui consacre la journaliste à Libération Marie Ottavi, on ne parvient pas vraiment à décider si celui-ci était juste un idiot magnifique et utile de la jet-set parisienne, envapée des folles années 1970, ou une figure presque sacrificielle pour des temps devenus trop prudents. Incarnant, jusqu’à surjouer, la fin de race proustienne, de Bascher s’offrait gracieusement, à tous les sens du terme, au désir et à la fascination d’un petit monde basculé dans la nuit sans espoir de retour. La bande de Saint Laurent, Warhol, Kenzo, Fabrice Emaer, tant d’autres, ne purent rester insensibles au parfum de soufre, renforcé par ses amitiés douteuses pour l’extrême droite, en particulier le légionnaire frontiste Jean-Claude Poulet-Dachary, futur homme clé du système FN à Toulon, assassiné par un amant de passage, qui s’attachait aux pas de ce garçon qui disait ne vivre que pour "danser, baiser, se droguer". La conclusion fut attendue. Le sida baissa le rideau de ce diable stylé jusque dans la mort : il se fit incinérer avec son ours en peluche qui lui servait de cachette pour son héroïne et sa cocaïne. O. M.

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