Né à Bordeaux le 9 juin 1921, Jean Lacouture, amoureux de rugby et mélomane, commence sa carrière de journaliste au sein du journal Combat en 1950, devient correspondant au Caire pour France-Soir avant de faire une grande partie de sa carrière au Monde, devenant successivement chez du service outre-mer puis grand reporter.
Engagé à gauche, il est dans les années 1950 l'un des premiers défenseurs de la décolonisation, mais aussi un farouche opposant au général de Gaulle et à la Ve République, position sur laquelle il reviendra par la suite, affirmant être devenu un de ses grands admirateurs. Fervent partisan de François Mitterrand, il fut aussi, dans sa jeunesse, un défenseur du Vietcong et des Khmers rouges. Il regrettera par la suite avoir "dissimulé le caractère stalinien du régime nord-coréen".
Biographe prolixe
Jounaliste reconnu, c'est surtout pour ses nombreuses biographies de grands hommes que Jean Lacouture restera dans les mémoires, laissant derrière lui "71 livres dont une quinzaine écrits avec des cosignataires", rappelle Le Monde. De Gaulle (en trois volumes: Le rebelle, Le politique et Le souverain), Ho Chi Minh, Malraux, Nasser, Blum, Mauriac, Mendès France, Mitterrand, Dumas, Champollion... Rares sont les personnages publics dont il ne dressa pas le portrait, revendiquant son droit à la subjectivité et à l'emphase. Il avait aussi rédigé une histoire monumentale des Jésuites.
Edité principalement au Seuil, où il avait créé la collection "L'Histoire immédiate", mais aussi chez Grasset, Gallimard ou Stock, Jean Lacouture avait publié son dernier titre, Le tour du monde en 80 ans (France-Empire), une série d'entretiens autobiographiques réalisés avec Stéphanie Le Bail, en septembre 2012.
Il a obtenu le Prix des ambassadeurs en 1986 pour l'un de ses ouvrages consacrés à de Gaulle, la bourse Goncourt de la biographie en 1980 pour François Mauriac, et le Grand prix d'histoire de l'Académie française en 2003 et le Grand prix de la littérature de la ville de Bordeaux en 1974.
Grand observateur de son temps, il a également fait l'objet de plusieurs biographies, parmi lesquelles Jean Lacouture, par monts et par vaux (Bayard), parue en septembre 2012.
En avril dernier, Arléa a publié La traversée du mal, où Jean Lacouture s'entretenait avec Germaine Tillion, panthéonisée en mai.