5 avril > roman Japon > Kiyoko Murata

En dépit de leur beauté, les estampes japonaises offrent parfois une représentation figée et idéalisée de la réalité. Celle des prostituées japonaises n’a rien d’enviable, alors Kiyoko Murata leur redonne vie dans ce roman. En France, on a déjà pu découvrir Le chaudron (porté à l’écran par Akira Kurosawa ) ou La voix de l’eau. Dans son pays d’origine, elle a été récompensée par plusieurs prix littéraires.

Ici, elle imagine le destin d’Ichi qui grandit sur l’île d’Iojima. Un petit coin de paradis, où les femmes pêcheurs font vivre toute leur famille. La sienne étant trop démunie, Ichi est vendue au propriétaire d’une maison close. "Il y a dans les familles pauvres un trou noir qui engloutit l’argent. Le trou sans fond ne se comble jamais." Ichi n’a que 15 ans, elle est initiée violemment à ce qui l’attend. "J’ai reçu un kimono rouge. Je le mets pour aller derrière les barreaux."

Certaines de ses congénères sont vouées à devenir de "simples" prostituées, mais son teint hâlé et ses origines en font une perle rare. Repérée pour devenir une courtisane, Ichi intègre cet univers qui tente de la convaincre d’oublier sa vie d’avant. Ce serait mal connaître cette "jeune tigresse", qui préfère cultiver son côté garçon manqué que d’entrer dans les rangs. Sa formation à "l’école de la féminité" lui offre toutefois une voie salutaire : des leçons de lecture et d’écriture.

Tant son journal intime que son enseignante lui font prendre conscience de sa liberté intérieure. "Notre corps nous appartient. C’est un bien précieux. Le client ne doit pas le toucher. Nous touchons le sien." Mais comment disposer de son destin en ce début de XXe siècle ? Kerenn Elkaïm

17.03 2017

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